Sciences cognitives: des ressources intéressantes

Sur le site “Apprendre et former avec les sciences cognitives”, vous trouverez le travail que partage une équipe de chercheurs, enseignants, universitaires, … sur le thème de l’apprentissage: qu’est-ce qu’apprendre? qu’apprendre? comment apprendre?

Les découvertes sur le cerveau qui apprend donnent lieu à de larges réflexions sur la manière dont la pédagogie peut s’appuyer dessus pour être plus efficace, notamment concernant l’attention, la mémorisation et la compréhension.

Un des projets de ce groupe d’experts est la création de “cogni’classes”, dans lesquelles s’engagent des enseignants pour utiliser des pistes pédagogiques basées sur les sciences cognitives. L’une d’entre elles est la formation des élèves à la métacognition, en passant par une information sur la manière dont leur cerveau fonctionne pour être attentif, pour mémoriser et pour comprendre.

Vous le pressentez, il y a des ponts à faire avec la démarche de la gestion mentale qui est une pédagogie des moyens d’apprendre basée sur l’introspection et décrivant 5 gestes mentaux, dont 3 sont communs avec les sciences cognitives. Les fondements sont phénoménologiques d’une part, scientifiques de l’autre, et pourtant, les conclusions et pistes pédagogiques sont complémentaires et ouvrent des perspectives qui peuvent rendre notre métier d’enseignant encore plus passionnant.

Verbes irréguliers en anglais: outil pour réviser en autonomie

Varier les perceptions et réactiver les connaissances sont deux leviers du geste de mémorisation.

En effet, si je perçois la même information sous des formes différentes (entendre le verbe, le voir écrit, voir une représentation symbolique de son sens), cela me permet de pouvoir la retrouver via des chemins différents.

Et pour qu’elle s’inscrive dans ma mémoire à long terme, il est indispensable de la réactiver plusieurs fois sans quoi elle sera purement et simplement… oubliée.

CARDUne professeure d’anglais, Laurence Bernard, a imaginé et conçu 99 cartes augmentées des verbes irréguliers en  anglais à l’aide de l’application Mirage Make disponible sur le site http://ticedu.fr. C’est une application pour téléphones ou tablettes Android et IOS (également compatible Windows) qui permet aux élèves de scanner les flashcodes de chaque carte et d’accéder à une version écrite et audio des trois  formes du verbe (base verbale, prétérit, participe passé) ainsi qu’a la traduction en français.

Laurence Bernard partage généreusement cette ressource en ligne (via la plateforme “Académie Martinique”), nous l’en remercions! Vous pouvez les télécharger ici.

Voici un extrait de la présentation de cet outil:

Ces 99 fiches sont organisées par couleurs, selon que les formes du verbe sont identiques ou différentes. Les cartes augmentés s’appuient sur la liste des verbes irréguliers proposés dans le manuel “New Missions” 2de, Bordas, 2014 (p. 214-215).  La référence servira de base pour l’apprentissage ou les révisions pour les classes qui utilisent le manuel.

Comme dans le manuel, les verbes sont organisés selon les trois formes: “base verbale” , “prétérit”, “participe passé”

Un code couleur permet ainsi de distinguer:

  • en gris, les verbes irréguliers dont les 3 formes à l’écrit  sont identiques (base verbale, prétérit, participe passé)
  • en violet, les verbes irréguliers pour le prétérit et le participe passé sont identiques
  • en vert, les verbes irréguliers dont la base verbale et le participe passé sont identiques
  • en bleu, les verbes ont la base verbale et le prétérit sont identique
  • en rouge, les verbes irréguliers dont les 3 formes sont différentes

Les 99 cartes sont regroupées en 13 planches, à imprimer, découper, plastifier.

Elles peuvent être utilisées en classe ou en dehors de la classe pour réviser les verbes irréguliers en autonomie ou  interaction (un élève donne les réponses, un autre élève vérifie en scannant le flashcode).

Plickers, une application intéressante à utiliser en classe

Plickers est une application gratuite qui vous permet de proposer à vos élèves des quiz auxquels ils répondent individuellement et pour lesquels ils reçoivent un feedback immédiat sur leur maîtrise ou non du sujet questionné. En effet, les réponses sont traitées en direct car l’enseignant scanne avec son smartphone les étiquettes brandies par les élèves avec leur choix de réponse. Les résultats peuvent s’afficher ensuite via un projecteur relié au PC du prof ou via un TBI, de façon anonyme ou pas. Vous aurez compris que le Wifi est indispensable pour l’utiliser. Les élèves savent donc tout de suite si leur réponse est correcte ou pas, l’enseignant a une vue globale et détaillée de qui a répondu quoi, ce qui rend possible la remédiation immédiate.

Exemple d’étiquette:

ba794b01.standardsetsheet

 

 

Seul l’élève sait ce qu’il répond car la lettre qu’il choisit de mettre en évidence est imprimée en tout petit sous le QR code. Cela permet d’éviter le biais d’influence de la réponse du copain si on ne sait pas.

Ces étiquettes sont disponibles en plusieurs formats sur le site d’accueil de l’application.

 

 

Ci-dessous, un exemple en vidéo d’un enseignant français en histoire-géo, Olivier Quinet (actif sur Twitter et blogueur). Il propose un quiz en début de cours pour interroger les élèves sur une capsule vidéo qu’ils ont du regarder à la maison (principe de la classe inversée).

Disponible sur Android ou Apple.

Tutoriel vidéo pour utiliser l’application ici.

 

 

 

Un exemple de fiche de mémorisation

LogopetitDans le cadre du MOOC “Apprendre et enseigner avec les sciences cognitives” (cours en ligne disponible sur la Plateforme FUN MOOC), j’ai découvert l’outil “Fiche de mémorisation”.

Il s’agit d’un outil de réactivation des essentiels d’une matière, d’une leçon, d’un chapitre, etc. dont les questions sont au recto et les solution au verso, permettant ainsi à l’élève de bénéficier d’un feedback immédiat des informations, très utile pour “court-circuiter” la courbe de l’oubli et donc mémoriser au-delà du très court terme.

Ci-dessous, à titre d’exemple, la fiche que je distribue en fin de deuxième journée d’initiation à la gestion mentale:

Une infographie intéressante : ” Ce que je peux faire pour apprendre mieux”

schéma mémorisation et neurosciences

Cette belle infographie met en évidence ce que l’apprenant peut faire avant, pendant et après une séquence d’apprentissage pour mieux apprendre.

Elle a été réalisée par Pascal Bellanca-Penel (@pBellancaPenel), enseignant (français) du secondaire en physique-chimie. Je l’ai trouvée sur le réseau social Twitter (via @LaeticiaFerrari), mine d’or pour trouver des ressources pédagogiques.

Dans ce schéma, il est question de motivation et d’engagement, d’attention, de réactivations pour consolider, d’appui sur les erreurs. Des notions présentes dans la gestion mentale, ici associées aux neurosciences.

Pourriez-vous imaginer comment traduire en termes de gestion mentale les différents éléments de ce “parcours” pour mieux apprendre?

 

Ebbinghaus et la courbe de l’oubli

En formation initiale, vous découvrez le geste de mémorisation tel que modélisé par Antoine de La Garanderie. Un des incontournables de ce geste est la nécessité absolue de réactiver plusieurs fois une connaissance si notre objectif est qu’elle s’inscrive dans notre mémoire à long terme.

Hermann Ebbinghaus l’avait mis en évidence bien avant, avec sa fameuse courbe de l’oubli. Sur le blog “Sydologie” (magazine de l’innovation pédagogique), vous pouvez lire un article qui en parle simplement et clairement.

“D’après Ebbinghaus, voilà comment évolue l’apprentissage d’une information:

tout de suite après l’arrêt de l’information, on retrouve environ 75% de l’information assez facilement; 10 minutes plus tard, on retrouve environ 80% de l’information : les neurones s’organisent en réseaux, trient et installent l’information; passé 24h, on perd très rapidement l’information pour se retrouver à 20% de l’information une semaine plus tard.”

Cela implique pour l’enseignant d’accompagner ses élèves dans les multiples rappels à programmer, en commençant par leur donner le temps de faire le premier en classe, en s’appuyant sur le numérique (par exemple pour leur préparer des “flashcards” – j’en ai déjà parlé ici), en créant des fiches de mémorisation en fin de chapitre, etc.

Les neurosciences au cœur de la classe

Sur ce site, appelé “La Cliothèque”, vous trouverez des comptes-rendus d’ouvrages essentiellement en lien avec l’histoire et la géographie, mais aussi parfois avec la pédagogie, à explorer pour y glaner des pistes, des idées en lien avec le métier d’enseignant et les matières précitées.

J’ai repéré un conseil de lecture: “Les neurosciences au cœur de la classe”, sous la direction de Pascale Toscani, Chronique Sociale, 2014.

Voici un extrait de la présentation de l’ouvrage, rédigée par Jean-Pierre Costille, pour les Clionautes.

Vers une pédagogie de l’attention – 

Cette partie précise d’abord les trois formes d’attention dont chacun est doté et décline quelques pistes concrètes pour la classe. Les auteurs pointent les limites attentionnelles en rappelant par exemple l’expérience de Chabris et Simmons autrement baptisée expérience du « gorille invisible ». Il faut aussi tenir compte du fait que, malgré une activité parfois frénétique, nous ne sommes pas multitâches. Il est fondamental d’en tenir compte quand on fait classe. Les auteurs proposent un très utile tableau sur les « instructions qui favorisent l’attention ». Ils plaident aussi pour que ces informations soient communiqués aux élèves, par exemple durant les heures d’accompagnement personnalisé.

 

La mémoire, les mémoires et l’apprentissage – 

Ce chapitre permet de distinguer les cinq grands systèmes de mémoire en insistant aussi sur le rôle et les limites de la mémoire de travail. Le chapitre aborde en quelques lignes très claires ces cinq formes de la mémoire. L’encodage, la consolidation et le rappel sont également trois aspects essentiels dont il faut tenir compte. Au niveau de la réactivation, il faut laisser du temps aux élèves au début, pendant, ou à la fin des cours en présence du professeur.

Il s’agit à mon sens d’un excellent complément à la pédagogie des gestes mentaux et dans le cas présent, aux gestes d’attention et de mémorisation.

“Pour mémoriser, le plus efficace, c’est de s’amuser!”

C’est le témoignage de Sébastien Martinez, champion de France de mémoire en 2015 (oui, oui, c’est une discipline visiblement récompensée!) et devenu “formateur en mémoire”.

Dans cet article du Monde, il évoque son expérience en tant qu’étudiant qui mémorisait sans s’amuser et donne des conseils pour faire autrement.

Deux extraits choisis:

“Pour bien mémoriser les contenus, il faut créer des associations d’idées, donner du sens et créer du lien. Cela peut être un lien logique, celui qui est le plus encouragé dans le système éducatif. Mais il ne faut pas négliger le lien loufoque, celui qui est favorisé pour les enfants de 8 ans… mais que l’on encourage peu à partir du secondaire. Par exemple, je me souviens de la capitale du Mali, car le nom me fait penser au boxeur Mohammed Ali (M. Ali)… et « Bam ! K.-O. ! », d’où : Bamako !”
En terminologie “gestion mentale”, cela pourrait donner ceci: pour mettre en tête, il est utile de s’appuyer sur les paramètres 3 (les liens) et 4 (les liens inédits et donc potentiellement drôle).

 

“La technique la plus efficace pour réviser est donc celle de la « feuille blanche » : écrire au brouillon ce que l’on a retenu d’une notion ou d’un passage du cours, laisser courir ses idées et les restructurer. Quand cette phase est bien finie, qu’elle ait été courte ou longue, on peut seulement ouvrir son cours et le relire, ce qui permet de corriger, et de focaliser sa lecture uniquement sur ce qui est faux ou oublié. On va ainsi gagner du temps dans ses révisions, et de l’efficacité.”
Cela ressemble de près à la technique du “Ni rouge, ni vert”, n’est-ce pas? Et c’est tout à fait en phase avec la gestion mentale en tant que pédagogie de l’escamotage…
Je vous laisse découvrir le reste de l’article et vous invite à poursuivre la recherche de liens avec la pédagogie des gestes mentaux!

Pour réactiver des connaissances: l’outil “flashcard”

Vous l’avez bien compris: pour qu’une information conceptuelle s’inscrive à moyen puis long terme dans notre mémoire, il est indispensable de la réactiver mentalement plusieurs fois, à un certain rythme (voir les incontournables du geste de mémorisation et la courbe de l’oubli de Ebbinghaus).

Les “flashcards” (question d’un côté, réponse de l’autre) sont un moyen ludique pour réaliser cet entraînement et, cerise sur le gâteau, il existe à l’heure actuelle toute une série d’outils numériques pour les fabriquer.

Citons quelques exemples gratuits (liste non exhaustive!):

  • le logiciel Anki (utilisable sur PC, tablette et smartphone), qui vous permet de préparer des “paquets” de cartes que vous pouvez mettre à disposition de vos élèves pour les aider à réviser, qui personnalise le parcours de l’apprenant (les questions “ratées” sont à nouveau proposées à l’élève de façon automatique);
  • l’application Quizlet, qui permet la création de cartes, regroupées dans des fichiers “classes”;
  • le site Goconqr où il est possible non seulement de produire ces fameuses flashcards mais également de créer une carte mentale qu’il est possible d’animer;
  • et enfin Flippity, sur lequel vous pouvez présenter vos questions/réponses de plusieurs manières (en cartes, en listes, en nuages de mots, …) et qui permet de se baser sur un “Google Sheets” (équivalent d’Excel sur Google Drive) pour encoder les données.

Bon amusement!

1 2 3