Echos du 24 mars avec Daniel Favre

 

Une cinquantaine d’enseignants ont convergé vers Charleroi ce 24 mars pour rencontrer l’auteur du livre “Cessons de démotiver les élèves – 20 clés pour favoriser l’apprentissage”. En amont de cette journée, nous avions préparé avec ces enseignants une série de questions à lui poser et des témoignages de pratiques à partager pour recevoir son feedback et profiter de ses idées pour les enrichir.

Avant de présenter quelques notes prises lors de cet événement, voici deux images pour montrer, d’une part, les spécificités de l’approche de Daniel Favre et celles de la gestion mentale, et d’autre part, les points communs que nous avons souhaité mettre en avant. Il est évident que ce n’est pas exhaustif, ni détaillé. Cela vous donne juste un aperçu et peut-être l’envie d’aller plus loin!

Changer de point de vue sur le concept de motivation

Comment motiver les élèves semblerait être une préoccupation de type behavioriste : comment les amener à faire ce que je voudrais qu’ils fassent avec le système de la carotte et/ou du bâton ?

Les recherches de Daniel Favre nous invitent à changer de point de vue : la motivation est multiple et peut se décrire en 3 systèmes qui habitent tous les êtres humains. C’est lié au fait que, dans notre cerveau, deux types de circuits neuronaux de renforcement (positif et négatif) nous influencent, notamment dans les apprentissages. Il faut distinguer circuits de renforcement positif de la notion de récompense, et circuits de renforcement négatifs de punition, ce n’est pas pareil.

Ces deux types de circuits engendrent 3 systèmes de motivation dans le modèle proposé par Daniel Favre :

  • La motivation de sécurisation (ou SM1) nous pousse à rester dans notre zone de confort, dans nos habitudes, dans ce que nous savons déjà bien faire. Ce qui nous sécurise vient de l’extérieur (par exemple, de bonnes notes, des encouragements du professeur, la reconnaissance des pairs, …).
  • La motivation d’innovation (ou SM2) nous pousse à innover, à apprendre du neuf, à explorer avec le risque de faire des erreurs (qui nous donneront des informations utiles pour progresser); cette motivation engendre de l’anxiété d’abord, et du plaisir ensuite (quand nous avons réussi ou progressé). Ici, la référence n’est plus externe comme dans le SM1, mais interne : notre cerveau nous permet de ressentir le plaisir d’avoir appris par nous-même. Le SM2 s’activera si le SM1 est en toile de fond : l’élève qui se sent sécurisé est prêt pour innover. Cela explique aussi que même dans des périodes intenses de créativité (SM2+++), à un moment, le SM1 se rappelle à nous, par exemple si nous avons faim, soif, si nous sommes fatigués.
  • La motivation d’addiction (ou SM1p – p pour parasité) nous offre une sécurité factice et dans laquelle nous pouvons être enfermés. Le terme addiction est à prendre dans un sens très large : cela va du chocolat aux certitudes, en passant par les bonnes notes ou la violence. Le risque est bien de rester bloqué dans ce SM1p qui nous offre une sécurité, certes, mais factice, comme écrit plus haut. Par ailleurs, le cerveau est un serviteur fidèle : si un jeune pense qu’il n’y arrivera pas, cela risque fort de se passer ainsi. Et notre société nous pousse à l’ « économie de la flemme » : tout est facilité pour que nous consommions de façon compulsive. Cela s’oppose au fonctionnement de l’école qui éduque de futurs citoyens responsables dotés d’un esprit critique. Pour aider les jeunes à sortir du SM1P, nous pouvons les « écœurer » en termes de SM1 pour qu’ils finissent par demander du SM2 (exemple : leur donner uniquement des exercices faciles à réaliser, jusqu’au moment où ils en ont assez car cela va finir par les ennuyer – nous devons devenir des adultes « incalculables », « imprévisibles », comme cette maman qui, au lieu de se fâcher sur son fils qui joue couché dans son lit alors que sa chambre est en désordre, vient simplement lui faire un bisou sur la joue, puis s’en va. Le jeune, surpris, active alors son SM2 et … range sa chambre ; attention : cela ne marche pas à tous les coups !).

Chacun d’entre nous est habité par ces 3 systèmes de motivation : notre cerveau peut en effet fonctionner en SM1, SM2 ou SM1p, mais pas en même temps. Nous sommes motivés en permanence, mais dans quel système ?

Ce qui est important, c’est de prendre conscience de ce qui nous motive et de l’analyser avec ce modèle pour rester un sujet à part entière, qui met des mots sur ce qu’il ressent, sans jugement, en sachant qu’il est libre de choisir de passer d’un système à l’autre. C’est aussi savoir que parfois nous sommes sujet, parfois, nous sommes objet. Cette éducation de la conscience nous rend libre de dire oui ou non au mouvement de la vie. Ce modèle nous permet d’avoir une meilleure prise sur le réel.

Des questions pour réfléchir à nos pratiques pédagogiques ?

Comment considérons-nous les élèves ? Comme des objets que nous contrôlons en les mettant en référence externe uniquement (carotte et/ou bâton), ce qui en fait des « adaptés »? Comme des sujets ? Acceptons-nous qu’ils nous disent non, par exemple ? 

Quel langage utilisons-nous en classe ? Des mots qui dogmatisent ou une pensée ouverte ? Comment éduquons-nous les jeunes à l’incertitude ? -> équilibre à trouver entre les 2 types de langage

Quelle place laissons-nous aux émotions ? Les leurs, les nôtres ? -> émotions et cognition sont étroitement liées. « L’eau, c’est comme les émotions, il n’y a pas de problème tant qu’elle peut s’écouler. » (Daniel Favre, 24 mars 2023)

Nos cours répondent-ils à une absence de questions de leur part, ou partons-nous de leurs interrogations pour guider les apprentissages ? -> résoudre une énigme en ayant la possibilité de chercher, de tâtonner, de se tromper, puis de trouver, cela nourrit la motivation d’innovation.

Toutes ces questions nous invitent à la réflexion et nous emmènent vers un nouveau paradigme éducatif qui implique, entre autres, l’abandon de certaines pratiques telles que l’évaluation en continu, l’abandon de l’idée d’être à l’origine de la motivation des élèves, les messages implicites, l’idée qu’il y a de bons et de mauvais élèves, etc.

Et si les enseignants faisaient en sorte que leurs matières soient des solutions pour résoudre des problèmes ou des énigmes ?

Et si les enseignants parlaient en termes de conformité aux attentes, d’écart par rapport à une norme, plutôt que de bons ou de mauvais résultats ?

 

JUMP 10: ressources pour les écoles de la zone 10

Peut-être l’avez-vous déjà vu passer, ce nouveau nom, “JUMP10”? 

Il est né de la collaboration, initiée par Stéphanie de Lamalle, coordinatrice zonale, entre les différents projets pédagogiques spécifiques à notre zone d’enseignement, la zone 10.

En effet, notre zone, pilotée par les directions de ses écoles, est à l’origine de 4 projets pédagogiques originaux, voire inédits:

  • la formation en gestion mentale et les suivis sur le terrain pour apprendre à apprendre aux élèves
  • l’éducation aux choix des élèves (notamment au 2e degré) et la découverte d’eux-mêmes au travers d’activités diverses, dont l’art-journal
  • Rond-Point et l’accrochage scolaire, destinés aux élèves et aux équipes enseignantes
  • les Communautés d’Apprentissages, destinées à faire éclore et s’épanouir l’intelligence collective dans les écoles
  • la cellule réflexive R’évolution qui réunit des enseignants de différentes écoles de la zone pour réfléchir ensemble à la création d’outils pédagogiques, (exemples: outils pour les aménagements raisonnables ou pour la compréhension des consignes).

Voici ci-dessous l’affiche de JUMP10. En cliquant sur ce lien, vous arriverez sur le site du même nom, avec un accès aux informations utiles concernant ces différents projets.

Bonne rentrée!

school-supplies-1606147_1280Vous allez reprendre le chemin de vos classes pour une nouvelle année scolaire et de nouveaux défis à relever, comme le travail collaboratif hebdomadaire.

Les formations en gestion mentale ainsi que l’accompagnement des enseignants sur le terrain recommencent aussi. Avec une expérience inédite dans le 2e degré qualifiant “services sociaux” à Jumet: une équipe de professeurs, avec l’accord de la direction, s’est donné comme projet d’utiliser dans leurs classes une série d’outils pédagogiques communs, dont certains s’inspirent de la gestion mentale (par exemple, la pause évocative de début de cours). C’est une manière de montrer aux élèves la cohérence, la pertinence et l’efficacité de ces outils puisqu’ils les vivent à chaque cours. Les enseignants aussi vont expérimenter cohérence et efficacité, et vont, de fait, être dans les lignes du décret qui institue le travail collaboratif obligatoire. Un projet inspirant, qui sera suivi au long de l’année scolaire. Vous en lirez des échos ici.

Pour alimenter vos réflexions pendant cette première semaine de cours, je vous invite à explorer ce Pearltrees, site de veille, qui contient toute une série de liens internet, classés selon une série de thèmes dont plusieurs concepts de gestion mentale (mise en projet, perception, évocation, gestes mentaux, etc.), mais aussi les neurosciences, l’enseignement explicite, des outils numériques, …

Bonne rentrée à chacune et chacun, et au plaisir de travailler avec vous!

Distribution d’un recueil avec vos pistes pratiques

Ce 7 novembre après-midi, nous vous avons accueillis au Collège Saint-Michel de Gosselies pour vous distribuer un recueil de pistes pratiques récoltées pendant les suivis depuis le début du projet, c’est-à-dire depuis septembre 2014. La version papier de ce recueil, en couleurs, vous est offerte par vos directions.

C’est l’occasion de formuler plusieurs MERCI!

colorful-1197307_1280Merci à François Saucin (animateur régional Rond-Point désormais à la retraite) qui a initié ce projet et l’a coordonné pendant 4 ans;

Merci à Hélène Delvaux qui co-anime les formations en gestion mentale;

Merci aux directions des 20 écoles engagées dans le projet pour leur confiance, leur intérêt et leurs retours positifs, et merci particulièrement à Eric Van den Bossche (Collège du Sacré-Coeur à Charleroi) qui s’est occupé de l’impression des recueils ainsi qu’à Véronique Biesiaga qui nous a accueillis dans le cadre magnifique du Collège Saint-Michel avec beaucoup de convivialité;

Merci au Cecafoc qui croit en ce projet et qui y investit,

Et enfin, “last but not least”, un énorme MERCI aux 220 enseignants qui se sont formés ou se forment actuellement et qui réfléchissent ainsi à leurs pratiques et les font progresser, dans l’intérêt de leurs élèves.

 

Des affiches ont fleuri dans vos salles des profs

En effet, en ce début 2018, nous avons innové en réalisant des affiches qui mettent en évidence le projet de formation et de suivi en gestion mentale dans la zone 10 de Charleroi. L’idée sous-jacente est de provoquer la  curiosité de vos collègues, de vous informer sur ceux qui sont aussi concernés par la formation et de susciter la collaboration entre pairs.

Ci-dessous, la moitié supérieure du document, sachant que l’inférieure liste pour chaque école les noms et prénoms des professeurs engagés dans le projet.

 

Matinées inter-écoles

Dans le cadre du projet “Gestion Mentale à Charleroi”, nous organisons pour la troisième année des rencontres inter-écoles afin de permettre aux professeurs de rencontrer des collègues qui enseignent les mêmes matières et de partager leurs expériences autour de l’utilisation de la gestion mentale en classe.

Le 8 mars, nous avons réuni une trentaine d’entre eux à l’Institut de la Providence (GPH) à Gosselies pour clôturer leur cycle de 3 niveaux de formation. Ce fut riche et intense car nous avons pu visionner 3 capsules vidéos montrant 3 enseignantes dans une séquence d’exploitation du dialogue pédagogique en classe. Cette mise en perspective sous forme de témoignage audiovisuel a permis de redynamiser l’envie des participants de tenter l’exercice.

Demain, le 19 avril, 33 professeurs des niveaux 1 et 2 auront l’occasion de préparer, avec des pairs, une séquence de cours qui intègre la gestion mentale. Cela se passera à l’Institut Sainte-Marie de Châtelet.

Un des objectifs du projet est de créer du réseau entre les enseignants de la zone, et ce genre de rencontre y contribue.

 

La vidéo-formation, encore un défi relevé à Charleroi!

actionEn commençant ce projet il y a deux ans et demi, nous espérions pouvoir entrer en classe pour observer la pratique des enseignants sur le terrain. C’est bien en route!

Et la cerise sur le gâteau, c’était de penser que certains accepteraient d’être FILMES afin de pouvoir, en formation ou en suivi, montrer ce qui se passe en classe et en tirer des enseignements (d’où l’appellation VIDEO-FORMATION).

Nous y sommes!!! C’est parti, nous avons déjà 4 capsules vidéo en boîte, et 4 autres sont au montage.

Nous en utiliserons 3 le 8 mars lors de notre matinée de travail inter-écoles qui réunira 31 enseignants terminant leur niveau 3 de formation et de suivi.

Le CECAFOC, intéressé par le projet, a accepté de financer une partie de ces vidéos et nous avons donc fait appel à un cameraman professionnel pour leur réalisation. Pour les autres, nous travaillons en vidéastes amateurs.

Bravo et merci à ces enseignants, précurseurs et généreux.