Comprendre, c’est …

En niveau 2, pendant les rencontres de suivi qui ont lieu après deux journées de formation, je demande aux enseignants ce qu’il souhaitent mettre en évidence par rapport au geste de compréhension. Je les invite à formuler un conseil, une devise, une invitation par rapport au geste mental, à destination d’eux-mêmes ou de leurs élèves.

Voici un florilège de ce qu’ils ont proposé cette année:

« Comprendre, c’est prendre conscience de ce que je connais et réfléchir au sens et aux liens à faire avec les nouvelles choses apprises. »

« Monsieur hypothèse et madame erreur sont mes alliés sur le chemin de la compréhension.»

 « Comprendre, c’est savoir réexpliquer, soit à soi-même, soit à quelqu’un d’autre,  tant en donnant un exemple qu’à travers une définition. »

« Comprendre, c’est s’approprier un concept tout en donnant sens pour pouvoir restituer (réexpliquer) ou appliquer. »

« Comprendre, c’est aussi faire des erreurs. »

« Comprendre, c’est se sentir capable de faire. »

« Si tu ne tombes pas, tu n’apprends rien. »

« Comprendre, c’est accrocher à ce qu’on savait déjà. »

« Comprendre, c’est long et ça peut prendre du temps ; le par cœur ne suffit pas. »

« Comprendre, c’est se connaître. »

« Comprendre, c’est une course-relais. » (mise en évidence des allers-retours nécessaires pour comprendre).

« Comprendre, c’est oser. »

« Comprendre, c’est avant tout donner du sens, en se demandant d’où ça vient, et à quoi ça sert ? »

« Quand la chrysalide devient papillon. »  Cette transformation physique fait référence aux transformations/changements qui s’opèrent en nous: physiques (au niveau du cerveau: création de nouvelles connexions, synapses) et psychologiques (on a une nouvelle vision du monde, on voit les choses sous un autre angle et cela influe sur toutes nos idées, perspectives, concepts existants). 

« Comprendre, c’est accepter de se tromper, de prendre des risques et de se poser des questions. »

« Comprendre, c’est déjà apprendre. »

« Comprendre, c’est l’étincelle qui illumine les yeux. »

Tenir compte des 4 temps d’apprentissage dans une leçon

Pendant le confinement, j’ai réalisé une capsule vidéo pour guider les enseignants dans la création d’une leçon qui tient compte des 4 temps de l’apprentissage en gestion mentale. Pour rappel, ces 4 temps sont la mise en projet, la perception, l’évocation et la restitution. Dans cette capsule, l’aspect conceptuel est abordé et mis en pratique avec un exemple concret de séquence de cours, ici, en sciences économiques.

Si cela vous inspire et que vous utilisez l’outil dans vos cours, je vous invite à partager vos productions en me les envoyant. En effet, j’ai le projet de créer un espace en ligne où les enseignants auront l’occasion de déposer leurs travaux, créations, idées, en lien avec la gestion mentale et d’avoir accès à ce que leurs collègues auront partagé. Certains d’entre vous l’ont déjà fait il y a quelques mois.

Partants? Je l’espère!

Corriger une évaluation, c’est formateur si l’élève est actif

C’est une évidence, et pourtant, combien d’élèves sont totalement inattentifs pendant la correction car ils viennent de recevoir leurs résultats qui sont mauvais? Ou combien d’apprenants ne saisissent pas le sens de l’exercice, porteur de progrès?

Voici quelques exemples d’organisation que certains d’entre vous ont partagé pendant les rencontres de suivi. Ils illustrent ce temps pédagogique important dans l’apprentissage et peuvent donner des idées.

Corrections entre pairs

Plutôt que de faire écrire leur nom sur les copies, donner des numéros aux élèves. Après un contrôle, redistribuer immédiatement les interros avec le projet que chaque élève corrige une copie d’un camarade dont il ignore le nom puisque c’est juste un numéro sur la feuille. Cela permet de faire une correction immédiate et de motiver les apprenants à faire le point sur leurs réponses et à être attentif pour corriger correctement le contrôle qui leur a été confié.

Correction plus active

Pour rendre plus efficace la correction de l’examen (dont les résultats sont mauvais), en mettant en place une autre façon de procéder, plus active pour les élèves :

Idée générale : les élèves prennent leurs cours et manuel, leur feuille d’objectifs. Ils vont devoir chercher les réponses aux questions d’examens dans leurs documents (et ainsi vérifier que c’est en lien avec les objectifs et le cours), ensuite comparer avec leurs réponses d’examen et tenter d’identifier ce qui était performant dans leurs stratégies, ou ce qui ne l’était pas.

Par étapes :

  • L’enseignant explique la démarche aux élèves qui peuvent se mettre en projet ;
  • Chacun prend ses documents de cours ;
  • L’enseignant écrit les questions au tableau, une par une ; si une question est associée à un texte, l’enseignant le lit en ménageant des pauses évocatives ;
  • Les élèves répondent aux questions en s’aidant de leurs documents ;
  • Ils sont invités à réfléchir sur ce qui a bien fonctionné et ce qui n’a pas marché dans leur façon d’étudier et de préparer l’examen ;
  • Ils reçoivent leur examen et peuvent compléter leur analyse de stratégie.

Correction immédiate

Poser une question aux élèves pour vérifier leur attention, leur mémorisation, leur compréhension, … et leur demander de noter leur réponse de manière lisible sur une ardoise de type Velleda. Une fois que tous ont répondu, ils montrent leur réponse à l’enseignant, qui de façon très rapide peut vérifier et donner un feedback immédiat en fonction de ce qu’il observe comme difficultés, comme manquements, ou comme efficacité.

Distribution d’un recueil avec vos pistes pratiques

Ce 7 novembre après-midi, nous vous avons accueillis au Collège Saint-Michel de Gosselies pour vous distribuer un recueil de pistes pratiques récoltées pendant les suivis depuis le début du projet, c’est-à-dire depuis septembre 2014. La version papier de ce recueil, en couleurs, vous est offerte par vos directions.

C’est l’occasion de formuler plusieurs MERCI!

colorful-1197307_1280Merci à François Saucin (animateur régional Rond-Point désormais à la retraite) qui a initié ce projet et l’a coordonné pendant 4 ans;

Merci à Hélène Delvaux qui co-anime les formations en gestion mentale;

Merci aux directions des 20 écoles engagées dans le projet pour leur confiance, leur intérêt et leurs retours positifs, et merci particulièrement à Eric Van den Bossche (Collège du Sacré-Coeur à Charleroi) qui s’est occupé de l’impression des recueils ainsi qu’à Véronique Biesiaga qui nous a accueillis dans le cadre magnifique du Collège Saint-Michel avec beaucoup de convivialité;

Merci au Cecafoc qui croit en ce projet et qui y investit,

Et enfin, “last but not least”, un énorme MERCI aux 220 enseignants qui se sont formés ou se forment actuellement et qui réfléchissent ainsi à leurs pratiques et les font progresser, dans l’intérêt de leurs élèves.

 

Une autre image pour illustrer la compréhension

Compréhension coloriséUne autre illustration de la compréhension, dont les composantes ont été données par une enseignante lors d’un suivi de niveau 2.

Cela met en évidence plusieurs éléments importants liés au geste de compréhension (non exhaustif):

  • Pour donner du sens, il faut en avoir le projet: sans ce moteur, la démarche de compréhension ne démarre pas.
  • Il s’agit d’un itinéraire mental qui peut parfois prendre du temps: ne dit-on pas “Dors dessus et tu comprendras mieux demain.”?
  • Le nouveau savoir vient s’accrocher à de l’ancien et c’est donc un apprenant muni de ses connaissances déjà en place et de ses représentations qui va faire des liens entre le neuf et ce qu’il connaît déjà.
  • Il y a des indices de sens à repérer de façon exhaustive et fidèle dans l’objet à comprendre, la compréhension s’appuie donc sur le geste d’attention.
  • Ces indices sont triés pour garder uniquement ceux qui semblent pertinents, ceci étant rendu possible grâce aux liens que l’apprenant réalise en évocation.
  • Ces liens donnent lieu à des hypothèses que l’apprenant valide ou pas en revenant à la perception: il y a donc des allers-retours entre l’objet de perception à comprendre et les évocations qui vont mener au sens.

Pour chacun de ces points, peut surgir l’obstacle à la compréhension:

  • Absence de projet de donner du sens (mais par exemple, projet de retenir);
  • Représentation de la compréhension comme un processus rapide: si ça prend du temps, ressenti négatif de l’apprenant qui a alors tendance à ne pas aller plus loin;
  • L’élève n’évoque pas, reste en perception, or la compréhension est un processus mental;
  • Manque de prérequis et donc impossibilité de faire des liens qui vont permettre les hypothèses de sens;
  • Certains indices ne sont pas perçus ou des indices non pertinents sont évoqués comme étant importants, ce qui peut éloigner l’apprenant du sens à trouver;
  • Difficulté à faire des hypothèses, vécues comme risquées ou blocage lié à l’étape de validation qui demande à l’apprenant de revenir en arrière si l’hypothèse s’avère fausse;
  • Pas de retour à l’objet de perception et donc difficulté de valider ou d’invalider les hypothèses de sens.