Pour commencer 2025: échos des enseignants en formation

En novembre et décembre 2024 ont eu lieu les premiers suivis d’équipes d’enseignants après 2 journées de formation, que ce soit en niveau 1 ou en niveau 2.

Traditionnellement, en niveau 1, ils sont invités à qualifier ce suivi (qui reste inédit en formation continuée des enseignants). Voici un nuage de mots dans lequel vous pouvez lire ce qu’ils en disent:

Voici également l’un ou l’autre témoignage de mise en pratique de la gestion mentale en classe:

En math :

Les élèves ont du mal à retenir certaines équations. L’enseignant.e programme des moments de réactivation en leur demandant à certaines heures de cours de citer les formules qui sont alors notées et laissées au tableau dans un premier temps. Cela facilite les allers-retours pendant la pratique des exercices qui y font appel. Les élèves savent que la 2e étape devra se faire sans accès aux formules via le tableau (mais ils pourront encore aller les chercher dans leur cours au besoin). Le but final sera de faire des exercices en comptant uniquement sur ce qui a été stocké dans la tête.

En termes de gestion mentale: pour stocker des informations dans la mémoire à long terme, il est nécessaire de les réactiver plusieurs fois dans sa tête, et de comparer son souvenir avec l’information à mémoriser pour la compléter et/ou la corriger éventuellement. En donnant à ses élèves l’occasion de réactiver en classe, l’enseignant.e les outille par rapport à un des incontournables de la mémorisation. Un autre incontournable de ce geste mental est l’imaginaire d’avenir: où, quand et comment aurais-je besoin de ces formules?  C’est également nourri par l’entraînement progressif des élèves à faire les exercices (d’abord avec les formules sous les yeux, ensuite avec la possibilité d’aller les rechercher dans le cours au besoin, enfin, uniquement en les ayant de stock en tête).

En français :

Mettre un haut-parleur sur sa pensée pour expliquer aux élèves comment procéder pour réaliser un exercice, sachant qu’ensuite, l’enseignant.e guidera leur pratique en les accompagnant pour un premier entrainement, et ce jusqu’au moment où il/elle les pense capable de travailler en autonomie. Cette pratique s’inspire de l’enseignement explicite et pourrait déboucher sur un partage des incontournables de la tâche en termes de gestion mentale (qui vise également l’explicitation ou la mise en mots des itinéraires mentaux).

En termes de gestion mentale: mettre des mots sur ce qu’on fait dans sa tête pour réaliser un exercice rend la procédure de réflexion explicite et enseignable. L’enseignant peut commencer par expliciter son itinéraire mental en insistant sur les incontournables, puis questionner l’un ou l’autre élève sur la façon dont il a résolu l’exercice. Cela permet de mettre en évidence la diversité et la richesse des fonctionnements cognitifs, tout en pointant que pour tout geste mental, il y a des passages obligés.

En français :

Pour montrer comment ils ont compris les 5 caractéristiques du romantisme (après avoir reçu l’enseignement par l’enseignant.e), les élèves ont travaillé en sous-groupes et ont eu le choix entre 4 médias : réaliser un dessin sur une feuille A3, faire un collage sur une feuille A3, créer une saynète, réaliser une vidéo. Les élèves tiraient au sort une des 5 caractéristiques et devaient la représenter au travers d’un des médias, au choix. Ils se sont montrés très motivés pour réaliser cet exercice et leurs productions étaient riches et créatives.

S’appuyant sur ce premier succès, l’enseignant.e a proposé le même exercice en 5e sur les 6 thèmes abordés dans le cours sur le siècle des lumières, matière complexe pour les élèves.

Aucun de ces exercices n’a été évalué par des points.

En anglais :

L’enseignant.e utilise la technique du Storytelling pour présenter les temps de conjugaison : ainsi, Miss « Present Simple » arrive en classe (l’enseignant.e se déguise) et raconte son histoire dans laquelle il/elle insère les caractéristiques du temps,  il/elle a notamment un chat qui s’appelle « Do ». Les élèves sont ensuite divisés en 4 ateliers :

    • l’atelier « Expliquer la théorie » dans lequel les jeunes doivent s’entraîner à expliquer la théorie du « Present Simple » en faisant des liens avec l’histoire de Miss PS ;
    • l’atelier « Exercices » dans lequel les élèves appliquent les règles du « Present Simple » ;
    • l’atelier « Photomontage » dans lequel les apprenants doivent, en 4 images, illustrer les routines du « Present Simple » ;
    • l’atelier « Dessiner Miss PS » avec son chat.

L’enseignant.e se met aussi en scène pour les autres temps conjugués, les groupes d’élèves changent alors de type d’atelier.

Toutes les productions sont affichées en classe, ce qui permet les allers-retours pour les élèves qui en ont besoin.

En termes de gestion mentale: proposer une perception inédite d’un point de matière (romantisme) ou de grammaire (conjugaison en anglais) peut aider les apprenants à entrer dans la compréhension,  y compris sur le plan de la motivation (qui est un des 3 piliers de la mise en projet). Prolonger cette perception en proposant aux élèves 4 ateliers ou médias différents (ou 4 portes d’entrée différentes dans la compréhension) peut nourrir leurs mise en projet et travail mental.

(Re)trouver le sens au coeur de la classe: une pédagogie de la vie mentale (Guy Sonnois)

C’est le titre du nouveau livre de Guy Sonnois, édité chez Chronique Sociale (vous pourrez lire un écho de ses deux autres ouvrages en cliquant sur leur titre: Accompagner le travail des adolescents avec la pédagogie des gestes mentaux et ici J’apprends à travailler).

En partant du constat que les élèves n’investissent plus leur activité mentale dans les apprentissages (scolaires) et, de ce fait, n’y trouvent ni sens ni plaisir, l’auteur met en avant plusieurs voix qui appellent à remettre la conscience à l’ordre du jour (Daniel Favre – neurobiologiste et chercheur en sciences de l’éducation, Harmut Rosa – sociologue et philosophe allemand, Antonio Damasio – professeur de neurosciences, de neurologie et de psychologie aux Etats-Unis) pour faire des liens avec la pédagogie des gestes mentaux, découverte et décrite avec précision par Antoine de La Garanderie.

Il traite alors des conditions pour réintroduire la vie mentale (VM) dans les apprentissages: comment permettre aux enseignants de devenir des pédagogues de la vie mentale? Le dialogue pédagogique de groupe y a la part belle pour apprendre aux élèves à conduire leur pensée, en toute conscience. Il est question d’un changement de paradigme éducatif pour aider les jeunes à constituer le sens des savoirs, à développer leur motivation d’innovation, à développer leur esprit critique en apprenant à gérer l’incertitude, à devenir des sujets libres et responsables.

Guy Sonnois approfondit également la visée de sens qui doit présider à l’usage des moyens de la connaissance proposés par la gestion mentale: le pédagogue de la vie mentale peut entraîner ses élèves à gérer les actes de connaissance (ou gestes mentaux) qui sont au nombre de 5 (attention, mémorisation, compréhension, réflexion et imagination). Cela implique qu’il connaisse ces instruments de la vie mentale, ce qu’ils visent et comment les utiliser. C’est illustré par de nombreux exemples vécus par des apprenants ou des enseignants. Et c’est mis en perspective grâce à des liens avec les théories récentes décrivant le fonctionnement de notre cerveau selon des chercheurs comme Stanislas Dehaene, Daniel Kahneman ou Jean-Philippe Lachaux. Sans oublier Alain Bentolila pour la pratique raisonnée de la langue et Olivier Houdé pour son principe d’inhibition qui sont également cités dans l’ouvrage. 

Il propose également des comptes-rendus d’expériences avec, entre autres, des élèves adolescents en difficulté dans leurs apprentissages scolaires.

C’est un livre qui fait la part belle à la gestion mentale et à sa pertinence pour aider les jeunes à (re)devenir des acteurs de leurs apprentissages, à (re)découvrir le plaisir d’apprendre, à (re)donner du sens à leur vie mentale (et par là, à leur vie scolaire, en classe). Pour le lecteur, c’est une manière de plonger dans un écrit structuré, documenté et inspirant. Vous l’avez compris, je vous conseille ce plongeon qui vous donnera l’occasion de prendre de la hauteur en termes de réflexion pédagogique pendant votre été, et qui vous donnera sans doute des idées en termes de pratiques pédagogiques en vue de votre rentrée scolaire!

Bonne lecture!

 

 

Inédit: une bande dessinée pour expliquer la gestion mentale

 

“A la découverte de mon intelligence”, de Claude Berthod et Clémentine Barthélémy, aux Editions Chronique sociale, 2024: une BD qui peut s’avérer réjouissante pour ses lecteurs, que ce soit au niveau du contenu rigoureux en termes de gestion mentale, ou au niveau de la forme, très expressive et pleine de couleurs. C’est en tout cas une invitation à découvrir qu’apprendre, cela s’apprend, et qu’en tant qu’adulte (parent, enseignant), je peux changer ma façon d’aider l’apprenant et me sentir mieux et plus serein quand je le fais.

Quatrième de couverture 

“Une famille de quatre enfants : Ari, Tina, Vivi et Amos qui ne fonctionnent pas pareil les uns et les autres. La zone de haute tension, c’est le temps de devoir à la maison. Comme l’explique la petite chouette qui rassure les parents et guide les enfants, c’est que mieux on se connaît, mieux on apprend et plus on devient autonome.

Reconnaître son intelligence procure non seulement du plaisir mais aussi de l’efficacité, ce qui apaise bien des inquiétudes.

Personnages et lecteurs en font l’expérience et se découvrent au fil des pages. Les parents partagent avec le lecteur le fruit de leurs découvertes pour mieux accompagner leurs enfants.”

En famille ou en classe

Si le public cible de cette BD est familial (parents et leurs enfants), il peut s’élargir au scolaire: en effet, la lecture de cet ouvrage, en classe, pourrait susciter des échanges entre élèves sur le rôle des parents dans leurs apprentissages et outiller les jeunes pour parler de leur travail scolaire avec les autres membres de leur famille.

L’évocation est définie et la palette évocative est détaillée en ce qui concerne les langues évocatives et les paramètres (pp.55 et 58). Les 5 gestes mentaux sont abordés et explicités avec leur mise en projet spécifique (p.89). L’attention, la mémorisation et la compréhension sont détaillées plus longuement.

Il est ainsi question de découvrir, en images, comment faire pour être attentif, pour comprendre et mémoriser dans la vie de tous les jours. Et ce qui est mis en évidence, c’est que nous ne fonctionnons pas tous de la même façon, car nous avons des habitudes mentales et qu’elles peuvent différer de celles du parent, du frère, de la sœur. Dans l’histoire (p.28), Vivi a des habitudes évocatives visuelles, Ari, des habitudes auditives et Tina, des habitudes tactiles; nous retrouvons à la p.50 des traces des cadres d’accueil des évocations (spatial, temporel et de mouvement). Amos, le plus jeune, qui n’aime pas du tout l’école, va cheminer pour mettre des mots sur ses habitudes à lui, grâce à la petite chouette qui accompagne chaque séquence pour partager avec le lecteur ses “éclairages sur le fonctionnement de l’intelligence de tout ce petit monde” (p.11). C’est ponctué de petits exercices (p.42, par exemple: un article à lire) pour faire le point sur ce qui se passe dans sa tête quand on le réalise, avec quelques questions de type “dialogue pédagogique” pour mettre cela en mots. Le lecteur est invité à comparer ce qu’il a fait avec ce que les 4 enfants de la BD ont mis en place (p.50 par exemple). 

Par ailleurs, la BD ouvre des perspectives pour chacun afin d’améliorer ses habitudes, d’y ajouter des “plus” qui vont aider à mieux apprendre. Par exemple, Tina est invitée à essayer de bouger autrement, notamment dans sa tête (p.37). 

Conclusion

Dans la conclusion de l’ouvrage, une des dernières pages (p.90) présente “Ce que vous ne direz plus”, versus “Ce que vous essaierez de dire”, et c’est plutôt éclairant, quelle que soit notre casquette de lecteur (parent, enfant/élève, enseignant). Plutôt que de dire “Tout le monde fait comme ça!”, dire “J’ai l’habitude de faire comme ça. Et toi?”; plutôt que de se désespérer en disant “On ne tirera jamais rien de lui”, constater qu'”Il ne sait probablement pas comment fonctionne sa tête.” 

Il vous reste à plonger dans cette BD pour le plaisir, pour vous faire votre propre opinion et décider de la façon dont vous pourriez l’utiliser, avec vos élèves ou avec vos enfants. 

Danstatête.cool, une mine de ressources pour les élèves et leurs enseignants!

Sur le site “Danstatête.cool“, vous pourrez découvrir des ressources gratuites pour accompagner vos élèves à prendre conscience que pour apprendre, c’est dans la tête que ça se passe: des fiches et des vidéos pour les apprenants, avec un guide pédagogique pour le professeur. C’est classé dans 3 box différentes: la première présente des informations générales sur l’apprentissage (le cerveau, les émotions, les habitudes mentales, le corps, la mise au travail, etc.), la deuxième fait (presque) le tour des gestes mentaux (vous n’y trouverez pas l’imagination) et la troisième vise des conseils pratiques pour des tâches précises (comme l’orthographe des mots, le vocabulaire en langues étrangères, l’exposé oral, les tables de multiplication, etc.).

Les auteurs de ces fiches (Fanny Demeulder, Céline Veitmann, Guillaume Bousquet et Annabel Fournier) sont présentés dans la rubrique “contact” et ont chacun des compétences variées et complémentaires. Ce projet a vu le jour grâce à un financement Erasmus+ et la collaboration de différents partenaires dont les logos sont présents sur chaque production. 

Ce qui est très intéressant dans leur travail, c’est que la gestion mentale fait partie explicitement de leurs sources d’inspiration (voir dans le guide pédagogique de l’enseignant, p.6 pour la présentation de la gestion mentale et p.137 pour la bibliographie). L’ouvrage de référence cité est celui de Chantal Evano: “La gestion mentale, un autre regard, une autre écoute”, aux Editions Nathan Pédagogie, 1999. Ce livre est épuisé dans sa version papier, il est en vente en format numérique, malheureusement de piètre qualité visuelle. Dommage que ce soit la seule source mentionnée avec un des ouvrages d’Antoine de La Garanderie: “Réussir, ça s’apprend”, aux Editions Bayard, 2013. Il y en a eu d’autres depuis.

De manière générale, l’invitation à évoquer les contenus est bien présente, avec quelque chose qui ressemble à la pause évocative (plus ou moins laissée à l’élève). Un bémol à souligner: l’accent est surtout mis sur les évocations visuelles, ce qui appauvrit l’aspect “palette évocative” ( avec 8 formes d’évocations, 4 paramètres, le fait d’évoquer en première ou troisième personne, et celui d’accueillir ses évocations dans un cadre spatial, temporel ou de mouvement).

La fiche sur les habitudes mentales  permet au jeune lecteur de découvrir qu’il apprend avec ce qui a du sens pour lui, et le verso (cf. copie ci-jointe pour vous faire une idée – cliquez dessus pour la voir en plus grand) est d’ailleurs consacré à une série de projets de sens (appliquant/expliquant; recordman/compétiteur; opposant/composant; auprès des choses/avec les êtres; reproducteur/transformateur; séquentiel/global) . L’apprenant est invité à réfléchir à partir de questions pour identifier quelles paires de lunettes il utilise en priorité. Et il lui est conseillé de ne pas s’enfermer dans ses préférences, ce qui est en phase avec ce que préconise la gestion mentale: même si, en effet, nous avons une paire de lunettes préférée pour chaque type de projets de sens, il faut s’entraîner à chausser les autres pour apprendre plus efficacement. Exemple: si ma porte d’entrée dans la compréhension est l’application (j’ai besoin avant tout de savoir comment je vais me servir du “cloud” et de mon “onedrive”), y entrer par l’explication ensuite la complètera par le fait de savoir d’où vient cette option de stockage de mes fichiers (qui l’a créée, pourquoi existe-t-elle, depuis quand, quels en sont les risques, les avantages, etc.).

Les 4 fiches qui décrivent les gestes mentaux (attention, mémorisation, compréhension et réflexion) peuvent servir d’appui pertinent pour les expliciter aux apprenants en termes de gestion mentale, sachant qu’il sera indispensable de compléter l’information, surtout en ce qui concerne la compréhension. Et d’y ajouter le geste mental d’imagination, absent de la liste.

Le conseil que je vous donne pour conclure cet article est d’aller vous faire votre propre opinion en partant à la découverte de ces ressources pédagogiques.

 

Impliquer l’élève pour le conseil de classe

Il s’agit d’une ressource tirée de l’ouvrage “Faire collectif pour apprendre: des clés pour mettre la coopération au service des apprentissages“, de Laurent Reynaud, dans la collection des Cahiers pédagogiques dirigée par Philippe Meirieu. Cet outil a été partagé isolément du reste de l’ouvrage par @HLC_education et @Isafil (sur Twitter).

Dans la culture pédagogique française, les élèves participent en général de manière active aux conseils de classe. Chez nous, certains titulaires de classe pratiquent déjà la prise d’informations chez leurs élèves avant le conseil de classe, de manière à identifier les forces et difficultés de chacun.e, et de façon à amener chaque apprenant.e à faire le point sur ses stratégies cognitives, sur sa motivation, sur sa mise en projet pour la période suivante.

Dans la ressource présentée ici, l’élève reçoit une trame pour analyser son degré d’implication dans le travail scolaire, avec 8 éléments (“Travail en classe, travail à la maison, autonomie, apprentissage, coopération, gestion de matériel, réalisation des devoirs et gestion du calme”) à mesurer sur base d’indicateurs (par exemple, concernant l’apprentissage, l’apprenant a le choix entre 4 échelons: “1 = J’ignore ce qu’il faut apprendre; 2 = Je n’arrive pas à distinguer ce que j’ai fait de ce que j’ai appris; 3 = Je sais expliquer ce que j’ai appris; 4 = Je peux utiliser ce que j’ai appris dans une situation nouvelle”). 

L’élève est également invité à expliciter un “bilan de son semestre (points positifs, négatifs, réussite, …)” et à formuler un “engagement” précis (réalisable) pour le semestre prochain. Il peut enfin proposer une “appréciation générale” concernant son travail scolaire (au sens large) à transmettre au conseil de classe.

Si nous prenons l’outil comme un exemple et non pas comme un modèle à réutiliser tel quel, nous pouvons imaginer de modifier l’un ou l’autre des 8 éléments pour y injecter de la gestion mentale. Par exemple, la gestion de l’attention pourrait faire l’objet d’une échelle de progression en 4 critères: 1 = Pendant le cours, je pense à d’autres choses (pas de projet d’attention); 2 = Pendant le cours, j’essaie d’être attentif/attentive à certains moments (projet d’attention, mais pas forcément aux bons moments) ; 3 = Pendant le cours, je sais que je dois être attentif/attentive quand le professeur nous le demande (projet d’attention guidé par les consignes); 4 = Pendant le cours, je gère mon attention de manière autonome, je sais qu’il s’agit de faire exister dans ma tête ce que je perçois, en vue d’autre chose (projet d’attention géré en autonomie).

Ce serait également pertinent d’ajouter une place à la gestion des émotions, car l’apport de Daniel Favre (dont il est question dans cet article) démontre leur place omniprésente dans les apprentissages.

Qu’en pensez-vous? Comment donner la parole aux élèves dans un conseil de classe qui va décider d’une appréciation générale sur leur travail scolaire? Comment s’inspirer de l’outil ci-dessous pour le nourrir avec la gestion mentale et l’approche de Daniel Favre? Encore un champ réflexif à explorer!

Ressources pédagogiques sous forme d’affiches (CUQAM – auteur: Frank Herlin)

Frank Herling, conseiller pédagogique à la Direction de l’apprentissage et de l’innovation pédagogique d’@HEC_Montreal,  propose un riche parcours de pédagogie illustrée sur Genially, dans lequel vous pourrez peut-être aller puiser de l’inspiration et certainement, identifier des liens avec la pédagogie des gestes mentaux.

Ces affiches sont très belles, les sources d’inspiration sont mentionnées, et l’auteur permet leur réutilisation. Je vous invite donc à partir à la découverte de ce parcours illustré, pour le plaisir des yeux, pour vous nourrir pédagogiquement, pour réactiver les concepts de gestion mentale auxquels vous penserez pendant ce voyage.

 

Par exemple, l’affiche (ci-contre) sur les modes d’engagement cognitif met notamment en évidence l’importance pour l’apprenant de se mettre en projet pour ses apprentissages (càd anticiper la tâche à accomplir dans toutes ses dimensions: quel est le but que je dois atteindre? quels moyens puis-je mobiliser? comment qualifier ma motivation?).

Le contenu de l’infographie montre qu’en fonction des tâches, l’engagement peut être différent et l’effort à consentir, variable.

Comme en gestion mentale, être en projet s’ajuste, évolue, se module. L’apprenant est aux commandes de cet engagement cognitif, indispensable pour apprendre.

Qu’en pensez-vous?

 

 

Dans l’affiche qui présente les activités d’apprentissages, la prise de conscience de ce qu’on a appris se trouve au sommet de la montagne à gravir par l’apprenant.

Avec la gestion mentale, l’élève prend aussi conscience de la façon dont il a appris (ou  mémorisé, compris, réfléchi, imaginé, été attentif).

C’est un atout majeur pour les prochains apprentissages qui feront appel à nouveau à ces acquis (qui s’expriment en savoirs, savoir-faire, savoir-être, et “savoir du connaître”).

Autrement dit, c’est essentiel pour transférer.

Qu’auriez-vous envie d’ajouter?

 

Des outils pour l’attention

Le geste mental d’attention ouvre la portes aux autres gestes (mémorisation, compréhension, réflexion et imagination).

Apprendre aux élèves à bien gérer leur attention est donc un enjeu fondamental pour les amener vers l’autonomie dans leurs apprentissages.

Il est déjà question de l’attention dans une série d’articles de ce blog:

Voici d’autres outils et ressources qui peuvent être intéressant.e.s pour un.e enseignant.e. Ils ont été compilés par Virginie Couillaud, éducatrice spécialisée. La liste reste évidemment non exhaustive, et certains outils sont destinés aux élèves plus jeunes (du maternel et du primaire). Cela étant, c’est une source d’inspiration à explorer.

Epinglons 4 ressources que Virginie Couillaud a trouvées sur le site Scholavie (“ScholaVie est une association loi 1901 spécialisée dans le développement des compétences socio-émotionnelles (CSE), née pour lutter contre l’échec scolaire et œuvrer pour le bien-être des jeunes et de ceux qui les accompagnent.”). 

Le feu de circulation (Scholavie – Tous droits réservés)

Ce feu tricolore est une sorte de moyen mnémotechnique pour le jeune, et notamment le jeune qui souffre de TDAH. Chaque couleur correspond à une série d’actions (mentales) à mettre en œuvre pour revenir à un état attentionnel propice à l’apprentissage.

Le rouge invite à la PAUSE (arrêter ce que tu fais, respirer profondément, accueillir le désir de prendre de la hauteur par rapport à la situation).

L’orange propose l’OBSERVATION (identifier l’émotion ressentie et son déclencheur, penser à ce que tu peux mettre en place pour la réguler).

Le vert équivaut à l’ACTION (choisir la meilleure option, revenir dans la situation avec un esprit calmé, identifier les bénéfices de cette action).

 

La cocotte de l’attention (Scholavie – Tous droits réservés)

La cocotte s’est fait une place dans les activités pédagogiques utilisées par les enseignants en classe. Ici, c’est une cocotte de l’attention dont l’objectif est de permettre au jeune de se reconnecter à l’instant présent.

Sur le site Scholavie, voici comment cet outil est présenté: “Muscler son attention en jouant à la cocotte, c’est possible ! Un outil à utiliser entre deux activités, au retour de la récréation ou quand le besoin s’en fait sentir.”

Il est également possible de télécharger une cocotte vierge et de la compléter avec les élèves, en fonction de ce qui leur semble essentiel pour garder son attention au top, ou pour revenir à un état attentionnel adapté à l’apprentissage.

 

La roue des pauses attentionnelles (Scholavie – Tous droits réservés)

La roue est aussi devenue une ressource pédagogique. Ici, elle s’intitule “La roue des pauses attentionnelles” et la faire tourner va inviter l’élève (ou les élèves) à faire quelque chose qui lui change les idées, lui fait faire une pause, de façon à être capable ensuite de remobiliser son attention de manière efficace pour apprendre.

Scholavie propose également une roue vierge, qu’on peut donc compléter avec ses élèves, en ayant identifié une série de choses qui détendent, en vue de pouvoir être plus attentif après l’avoir fait. 

 

Le chemin de l’attention (Scholavie – Tous droits réservés)

C’est un chemin avec 6 étapes. L’idée est de lancer un dé et de faire l’exercice qui correspond au nombre indiqué dessus.

En voici un morceau en image.

 

Voici comment il est présenté sur le site:

“Il s’agit de découvrir et/ou pratiquer des exercices de pleine conscience ou pleine attention. La pleine conscience, c’est être pleinement conscient de ce que l’on fait, en étant présent à l’expérience du moment, sans porter de jugement. C’est passer du mode faire au mode être, sortir du pilotage automatique et prendre le temps de se connecter à soi et à l’expérience vécue. Le besoin d’appuyer sur pause peut se faire ressentir dans un monde qui va vite et dans lequel les apprentissages se succèdent les uns aux autres en un temps record.
La pratique régulière de la pleine conscience a une
validation scientifique reconnue même si elle demande à être consolidée dans l’environnement scolaire. Elle permet d’être plus ancré, relié à soi, au monde et aux autres et de s’engager pleinement dans un apprentissage. Elle permet aussi d’être plus attentif, persévérant et plus créatif dans l’apprentissage. Elle favorise ainsi les conditions d’une motivation durable.
La pleine attention, c’est comme un muscle. Plus vous pratiquez, plus vous saurez comment faire et
plus vous en ressentirez les
bienfaits.”

 

Favoriser la mémorisation à l’aide d’outils numériques

Sur le site de l’Académie de Normandie, l’article suivant m’a semblé intéressant à partager: “Favoriser la mémorisation (à l’aide d’outils numériques)”

En effet, mémoriser nécessite de nombreuses réactivations, idéalement à un rythme expansé, et l’enseignant peut en prévoir une partie en classe, pendant ses cours. Il s’agit de permettre à chaque élève de faire revenir en tête les informations déjà stockées, et de se mettre en projet de les compléter et/ou de les corriger au besoin, grâce au feedback immédiat qu’il reçoit sur sa production. 

Faire usage d’outils numériques permet de varier les façons de réactiver et peut nourrir l’engagement des élèves dans la tâche proposée. C’est également une manière de différencier l’enseignement car chaque apprenant peut avancer à son rythme, en autonomie ou accompagné par son professeur.

Voici quelques exemples d’outils présentés dans l’article (pour les découvrir tous, je vous invite à aller le consulter dans son intégralité) – les liens renvoient soit à l’application, soit à un article de ce blog qui en parle, soit à un exemple cité dans l’article original:

 

 

Des activités pédagogiques pertinentes pour un apprentissage en profondeur

Sur le site d’Innovation pédagogique, l’article publié le 26 février 2020 par Jean-François Parmentier présente 5 activités pédagogiques pertinentes pour promouvoir un apprentissage en profondeur: tester, susciter le questionnement, faire résumer, comparer dans des tableaux et réaliser des cartes conceptuelles.

Comme l’auteur le signale, il ne s’agit pas d’activités révolutionnaires, ce sont des pratiques que les enseignants utilisent déjà. L’article regorge de références bibliographiques renvoyant à des articles scientifiques, dans lesquels ces pratiques sont validées et qualifiées d’efficaces pour faire apprendre en profondeur. Merci à l’auteur d’avoir compilé ces références, très intéressantes. De plus, chaque pratique est détaillée et illustrée par des exemples concrets, ainsi que des recommandations, ce qui donne des repères utiles et pertinents pour les mettre en œuvre avec nos élèves, ou les améliorer si nécessaire.

Si vous prenez le temps de lire ce contenu, vous vous rendrez compte que les liens avec la gestion mentale sont nombreux.

En voici quelques-uns, sans prétention d’exhaustivité.

(Se) tester (en l’absence de l’objet de perception)

Se tester est une des pratiques recommandées: il s’agit notamment de se remémorer un contenu sans avoir les documents sous les yeux (rappel libre).

C’est, au fond, proposer à l’apprenant une pause évocative pour faire revenir en tête ce dont il se rappelle d’un cours, sans la perception sous les yeux, pour faire le point sur ce qui est resté en mémoire. Comparer ensuite avec le cours permet à l’étudiant de se compléter et se corriger au besoin. C’est un incontournable en gestion mentale. Ces pauses évocatives peuvent se faire en classe, à différents moments, avec des objectifs variés. C’est d’ailleurs une des premières pistes concrètes relevées par les enseignants en formation. Par exemple, ils peuvent la prévoir en début de séance pour se rappeler le contenu du cours précédent, ou pendant le cours pour que les élèves vérifient leur compréhension, ou en fin de cours pour faire une synthèse de ce qui a été abordé, etc. C’est un outil puissant qui permet l’apprentissage en profondeur.

Le “Ni rouge, ni vert” est un exemple de mise en pratique de ce test: l’élève “déstocke” par écrit ce qu’il a en tête concernant une notion (sur base de questions posées par l’enseignant, ou de manière plus libre). Puis il prend son cours et compare; il se corrige en rouge et se complète en vert. L’objectif final est de n’avoir ni rouge, ni vert. Cela implique plusieurs moments de déstockage qui permettront à l’étudiant de se voir progresser. L’élève peut s’entraîner à faire cet exercice en classe, et le réaliser aussi à la maison, en autonomie.

Susciter le questionnement (en présence de l’objet de perception)

Cette pratique vise à susciter, chez l’élève, des commentaires sur le contenu étudié, de manière à ce qu’il fasse des liens avec le déjà connu (ce qui a été vu aux cours précédents et les propres connaissances de l’élève). Ces liens vont aider l’apprenant à donner du sens au contenu et à anticiper différents contextes dans lesquels ça pourra être utilisé (transfert).

Faire des liens est bien un incontournable du geste mental de compréhension: pour donner du sens, il faut partir à la recherche des indices contenus dans l’objet de perception, et chercher à quoi je peux les relier dans ce que je connais déjà. Ces liens me permettent de faire des hypothèses de sens, que je vérifie en revenant à l’objet de perception et ses indices. C’est comme un zig-zag, que je fais à plusieurs reprises jusqu’au moment où j’ai compris. 

Se poser des questions aide à faire des liens. Il en était question dans cet article, inspiré des 5 questions de Guy Sonnois.

Dans le geste mental de mémorisation, l’anticipation (ou l’imaginaire d’avenir) est incontournable et se fait sur base de 3 questions: où, quand et comment vais-je avoir besoin de ce que je me mets en tête? 

Notre rôle de pédagogue est d’entraîner les élèves à faire ces liens, à se poser ces questions, car ce n’est pas forcément spontané. 

Réaliser des cartes conceptuelles

Ces cartes sont des représentations visuelles de liens entre concepts. Le schéma heuristique en est un exemple. Cette pratique peut être un prolongement de la précédente. En effet, se questionner pour faire des liens peut être traduit en schéma et servir de support écrit pour mieux comprendre quelque chose, pour structurer une pensée en arborescence, pour mettre en évidence des éléments-clés, etc.

Elles seront efficaces pour l’élève s’il les réalise lui-même. 

Les liens entre la schématisation heuristique et la gestion mentale sont nombreux, en voici un: pour comprendre, certains ont besoin de commencer par évoquer la globalité d’un contenu, d’autres auront besoin de l’évoquer d’abord de manière linéaire, et d’autres encore comprendront en évoquant d’abord un mouvement mental (ou un mélange d’espace et de temps, avec des ressentis, des émotions, des vibrations, …). Le schéma heuristique est une perception qui peut répondre à ces trois types de besoins évocatifs: il présente une globalité, il peut se parcourir branche par branche, et il peut, au-delà des branches souples et “mobiles” comme la pensée ,contenir également des dessins ou des mots qui expriment du mouvement (des flèches, des onomatopées, …) . 

Il était déjà question du schéma heuristique dans cet article (mémoriser à l’aide du mindmap), dans celui-ci (Liens opérables pour comprendre et dans celui-ci (Les cartes mentales au service des 5 gestes), que vous pouvez relire pour compléter votre information.

 

Source des images: www.freepik.com

Encourager les élèves à évoquer en classe

Troisième article de la série sur les suivis des enseignants après deux jours de formation en niveau 1.

Dans les petits pas partagés pendant ces rencontres, il en est un incontournable: la pause évocative, qui donne l’occasion à chaque élève de travailler mentalement, d’être actif pendant le cours.

Cette pause évocative peut prendre plusieurs formes, se programmer à différents moments de la séquence de cours, cela dépend chaque fois des objectifs de l’enseignant. Tant que les apprenants n’ont pas l’habitude de ce type d’exercice, l’enseignant peut baliser ces moments de pause évocative. Il s’agit de donner des repères aux élèves pour les accompagner dans leur travail mental. Ce faisant, ils ont l’occasion de faire exister la matière dans leur tête ou d’y être attentifs, de vérifier leur compréhension, de réactiver le contenu pour le stocker en vue d’exercices (étape de la mémorisation), etc.

Dans le sketchnote ci-dessous, vous pouvez découvrir la synthèse de ce que les enseignants ont mis en œuvre sur ce plan.

 

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