Pour commencer 2025: échos des enseignants en formation

En novembre et décembre 2024 ont eu lieu les premiers suivis d’équipes d’enseignants après 2 journées de formation, que ce soit en niveau 1 ou en niveau 2.

Traditionnellement, en niveau 1, ils sont invités à qualifier ce suivi (qui reste inédit en formation continuée des enseignants). Voici un nuage de mots dans lequel vous pouvez lire ce qu’ils en disent:

Voici également l’un ou l’autre témoignage de mise en pratique de la gestion mentale en classe:

En math :

Les élèves ont du mal à retenir certaines équations. L’enseignant.e programme des moments de réactivation en leur demandant à certaines heures de cours de citer les formules qui sont alors notées et laissées au tableau dans un premier temps. Cela facilite les allers-retours pendant la pratique des exercices qui y font appel. Les élèves savent que la 2e étape devra se faire sans accès aux formules via le tableau (mais ils pourront encore aller les chercher dans leur cours au besoin). Le but final sera de faire des exercices en comptant uniquement sur ce qui a été stocké dans la tête.

En termes de gestion mentale: pour stocker des informations dans la mémoire à long terme, il est nécessaire de les réactiver plusieurs fois dans sa tête, et de comparer son souvenir avec l’information à mémoriser pour la compléter et/ou la corriger éventuellement. En donnant à ses élèves l’occasion de réactiver en classe, l’enseignant.e les outille par rapport à un des incontournables de la mémorisation. Un autre incontournable de ce geste mental est l’imaginaire d’avenir: où, quand et comment aurais-je besoin de ces formules?  C’est également nourri par l’entraînement progressif des élèves à faire les exercices (d’abord avec les formules sous les yeux, ensuite avec la possibilité d’aller les rechercher dans le cours au besoin, enfin, uniquement en les ayant de stock en tête).

En français :

Mettre un haut-parleur sur sa pensée pour expliquer aux élèves comment procéder pour réaliser un exercice, sachant qu’ensuite, l’enseignant.e guidera leur pratique en les accompagnant pour un premier entrainement, et ce jusqu’au moment où il/elle les pense capable de travailler en autonomie. Cette pratique s’inspire de l’enseignement explicite et pourrait déboucher sur un partage des incontournables de la tâche en termes de gestion mentale (qui vise également l’explicitation ou la mise en mots des itinéraires mentaux).

En termes de gestion mentale: mettre des mots sur ce qu’on fait dans sa tête pour réaliser un exercice rend la procédure de réflexion explicite et enseignable. L’enseignant peut commencer par expliciter son itinéraire mental en insistant sur les incontournables, puis questionner l’un ou l’autre élève sur la façon dont il a résolu l’exercice. Cela permet de mettre en évidence la diversité et la richesse des fonctionnements cognitifs, tout en pointant que pour tout geste mental, il y a des passages obligés.

En français :

Pour montrer comment ils ont compris les 5 caractéristiques du romantisme (après avoir reçu l’enseignement par l’enseignant.e), les élèves ont travaillé en sous-groupes et ont eu le choix entre 4 médias : réaliser un dessin sur une feuille A3, faire un collage sur une feuille A3, créer une saynète, réaliser une vidéo. Les élèves tiraient au sort une des 5 caractéristiques et devaient la représenter au travers d’un des médias, au choix. Ils se sont montrés très motivés pour réaliser cet exercice et leurs productions étaient riches et créatives.

S’appuyant sur ce premier succès, l’enseignant.e a proposé le même exercice en 5e sur les 6 thèmes abordés dans le cours sur le siècle des lumières, matière complexe pour les élèves.

Aucun de ces exercices n’a été évalué par des points.

En anglais :

L’enseignant.e utilise la technique du Storytelling pour présenter les temps de conjugaison : ainsi, Miss « Present Simple » arrive en classe (l’enseignant.e se déguise) et raconte son histoire dans laquelle il/elle insère les caractéristiques du temps,  il/elle a notamment un chat qui s’appelle « Do ». Les élèves sont ensuite divisés en 4 ateliers :

    • l’atelier « Expliquer la théorie » dans lequel les jeunes doivent s’entraîner à expliquer la théorie du « Present Simple » en faisant des liens avec l’histoire de Miss PS ;
    • l’atelier « Exercices » dans lequel les élèves appliquent les règles du « Present Simple » ;
    • l’atelier « Photomontage » dans lequel les apprenants doivent, en 4 images, illustrer les routines du « Present Simple » ;
    • l’atelier « Dessiner Miss PS » avec son chat.

L’enseignant.e se met aussi en scène pour les autres temps conjugués, les groupes d’élèves changent alors de type d’atelier.

Toutes les productions sont affichées en classe, ce qui permet les allers-retours pour les élèves qui en ont besoin.

En termes de gestion mentale: proposer une perception inédite d’un point de matière (romantisme) ou de grammaire (conjugaison en anglais) peut aider les apprenants à entrer dans la compréhension,  y compris sur le plan de la motivation (qui est un des 3 piliers de la mise en projet). Prolonger cette perception en proposant aux élèves 4 ateliers ou médias différents (ou 4 portes d’entrée différentes dans la compréhension) peut nourrir leurs mise en projet et travail mental.

(Re)trouver le sens au coeur de la classe: une pédagogie de la vie mentale (Guy Sonnois)

C’est le titre du nouveau livre de Guy Sonnois, édité chez Chronique Sociale (vous pourrez lire un écho de ses deux autres ouvrages en cliquant sur leur titre: Accompagner le travail des adolescents avec la pédagogie des gestes mentaux et ici J’apprends à travailler).

En partant du constat que les élèves n’investissent plus leur activité mentale dans les apprentissages (scolaires) et, de ce fait, n’y trouvent ni sens ni plaisir, l’auteur met en avant plusieurs voix qui appellent à remettre la conscience à l’ordre du jour (Daniel Favre – neurobiologiste et chercheur en sciences de l’éducation, Harmut Rosa – sociologue et philosophe allemand, Antonio Damasio – professeur de neurosciences, de neurologie et de psychologie aux Etats-Unis) pour faire des liens avec la pédagogie des gestes mentaux, découverte et décrite avec précision par Antoine de La Garanderie.

Il traite alors des conditions pour réintroduire la vie mentale (VM) dans les apprentissages: comment permettre aux enseignants de devenir des pédagogues de la vie mentale? Le dialogue pédagogique de groupe y a la part belle pour apprendre aux élèves à conduire leur pensée, en toute conscience. Il est question d’un changement de paradigme éducatif pour aider les jeunes à constituer le sens des savoirs, à développer leur motivation d’innovation, à développer leur esprit critique en apprenant à gérer l’incertitude, à devenir des sujets libres et responsables.

Guy Sonnois approfondit également la visée de sens qui doit présider à l’usage des moyens de la connaissance proposés par la gestion mentale: le pédagogue de la vie mentale peut entraîner ses élèves à gérer les actes de connaissance (ou gestes mentaux) qui sont au nombre de 5 (attention, mémorisation, compréhension, réflexion et imagination). Cela implique qu’il connaisse ces instruments de la vie mentale, ce qu’ils visent et comment les utiliser. C’est illustré par de nombreux exemples vécus par des apprenants ou des enseignants. Et c’est mis en perspective grâce à des liens avec les théories récentes décrivant le fonctionnement de notre cerveau selon des chercheurs comme Stanislas Dehaene, Daniel Kahneman ou Jean-Philippe Lachaux. Sans oublier Alain Bentolila pour la pratique raisonnée de la langue et Olivier Houdé pour son principe d’inhibition qui sont également cités dans l’ouvrage. 

Il propose également des comptes-rendus d’expériences avec, entre autres, des élèves adolescents en difficulté dans leurs apprentissages scolaires.

C’est un livre qui fait la part belle à la gestion mentale et à sa pertinence pour aider les jeunes à (re)devenir des acteurs de leurs apprentissages, à (re)découvrir le plaisir d’apprendre, à (re)donner du sens à leur vie mentale (et par là, à leur vie scolaire, en classe). Pour le lecteur, c’est une manière de plonger dans un écrit structuré, documenté et inspirant. Vous l’avez compris, je vous conseille ce plongeon qui vous donnera l’occasion de prendre de la hauteur en termes de réflexion pédagogique pendant votre été, et qui vous donnera sans doute des idées en termes de pratiques pédagogiques en vue de votre rentrée scolaire!

Bonne lecture!

 

 

Un ouvrage à lire absolument!

Pendant le confinement, aux éditions Nathan, est sorti un manuel très intéressant sur la mémorisation, geste mental essentiel dans les apprentissages: “Apprendre à mieux mémoriser, Former, entraîner, optimiser”, écrit par deux chercheurs en sciences cognitives, Jean-Luc Berthier et Frédéric Guilleray.

L’attention et la compréhension font partie des essentiels pour mieux mémoriser. La réflexion et l’imagination se nourrissent de ce qui est stocké en mémoire. Cela ressort très clairement dans le contenu du livre.

Ce manuel est présenté selon une démarche de parcours de formation, avec pour chaque partie, un test de positionnement (qu’en pensez-vous?), les problématiques d’apprentissage, les idées-clés, les pistes pédagogiques et un test de réactivation. Pour l’avoir lu dans son intégralité, je trouve que cette ressource est un incontournable pour tout enseignant. La gestion mentale n’y est pas citée et a fortiori ne fait pas partie des références bibliographiques, mais beaucoup de son contenu y fait penser. 

 

L’ouvrage est organisé en 4 parties: 

  • Connaître la mémoire pour mieux apprendre : les enjeux de la mémorisation dans l’apprentissage, les systèmes de mémoire, le cheminement de l’information
  • Les 3 règles fondamentales de la mémorisation: savoir et comprendre, se questionner, consolider et réactiver
  • L’attention au service de la mémorisation: la capture de l’attention, les procédures au service de l’exécution
  • Les conditions pour une meilleure mémorisation: la motivation, la santé, la métacognition, l’implication de tous les acteurs

Enfin, il est possible d’avoir accès en ligne aux documents de l’ouvrage, sur le réseau pédagogique Lea.fr (schémas et graphiques explicatifs à imprimer ou à projeter à vos élèves, exemples d’activités, gabarits de fiches et ressources imprimables pour les élèves, diaporamas et tutoriels à projeter). Cet accès est gratuit pendant un mois. 

Je vous encourage à ajouter ce livre dans vos bibliothèques pédagogiques!