(Re)trouver le sens au coeur de la classe: une pédagogie de la vie mentale (Guy Sonnois)
C’est le titre du nouveau livre de Guy Sonnois, édité chez Chronique Sociale (vous pourrez lire un écho de ses deux autres ouvrages en cliquant sur leur titre: Accompagner le travail des adolescents avec la pédagogie des gestes mentaux et ici J’apprends à travailler).
En partant du constat que les élèves n’investissent plus leur activité mentale dans les apprentissages (scolaires) et, de ce fait, n’y trouvent ni sens ni plaisir, l’auteur met en avant plusieurs voix qui appellent à remettre la conscience à l’ordre du jour (Daniel Favre – neurobiologiste et chercheur en sciences de l’éducation, Harmut Rosa – sociologue et philosophe allemand, Antonio Damasio – professeur de neurosciences, de neurologie et de psychologie aux Etats-Unis) pour faire des liens avec la pédagogie des gestes mentaux, découverte et décrite avec précision par Antoine de La Garanderie.
Il traite alors des conditions pour réintroduire la vie mentale (VM) dans les apprentissages: comment permettre aux enseignants de devenir des pédagogues de la vie mentale? Le dialogue pédagogique de groupe y a la part belle pour apprendre aux élèves à conduire leur pensée, en toute conscience. Il est question d’un changement de paradigme éducatif pour aider les jeunes à constituer le sens des savoirs, à développer leur motivation d’innovation, à développer leur esprit critique en apprenant à gérer l’incertitude, à devenir des sujets libres et responsables.
Guy Sonnois approfondit également la visée de sens qui doit présider à l’usage des moyens de la connaissance proposés par la gestion mentale: le pédagogue de la vie mentale peut entraîner ses élèves à gérer les actes de connaissance (ou gestes mentaux) qui sont au nombre de 5 (attention, mémorisation, compréhension, réflexion et imagination). Cela implique qu’il connaisse ces instruments de la vie mentale, ce qu’ils visent et comment les utiliser. C’est illustré par de nombreux exemples vécus par des apprenants ou des enseignants. Et c’est mis en perspective grâce à des liens avec les théories récentes décrivant le fonctionnement de notre cerveau selon des chercheurs comme Stanislas Dehaene, Daniel Kahneman ou Jean-Philippe Lachaux. Sans oublier Alain Bentolila pour la pratique raisonnée de la langue et Olivier Houdé pour son principe d’inhibition qui sont également cités dans l’ouvrage.
Il propose également des comptes-rendus d’expériences avec, entre autres, des élèves adolescents en difficulté dans leurs apprentissages scolaires.
C’est un livre qui fait la part belle à la gestion mentale et à sa pertinence pour aider les jeunes à (re)devenir des acteurs de leurs apprentissages, à (re)découvrir le plaisir d’apprendre, à (re)donner du sens à leur vie mentale (et par là, à leur vie scolaire, en classe). Pour le lecteur, c’est une manière de plonger dans un écrit structuré, documenté et inspirant. Vous l’avez compris, je vous conseille ce plongeon qui vous donnera l’occasion de prendre de la hauteur en termes de réflexion pédagogique pendant votre été, et qui vous donnera sans doute des idées en termes de pratiques pédagogiques en vue de votre rentrée scolaire!
Bonne lecture!