La gestion mentale et les aménagements raisonnables

J’ai suivi mi-mars une journée de formation pour mieux comprendre et mieux accompagner les élèves qui souffrent d’un ou plusieurs troubles DYS. Malheureusement, la deuxième journée qui devait nous donner des pistes concrètes pour faire des aménagements raisonnables à l’intention de ces élèves est annulée étant donné l’actualité.

Ceci étant dit, je retiens une chose essentielle et totalement en phase avec la gestion mentale: laisser du temps supplémentaire à ces apprenants en difficulté d’apprentissage constitue un aménagement raisonnable totalement indispensable.

En gestion mentale, nous préconisons de laisser du temps aux élèves pour être actifs dans leur tête (ou évoquer). Or, c’est difficile pour beaucoup d’enseignants de programmer ces moments de pauses évocatives car le programme est chargé, les périodes de cours sont courtes, certains élèves en profitent pour ne rien faire du tout, ça ralentit le rythme pour les “bons” élèves qui s’ennuient, ou les professeurs ont l’impression de ne pas travailler pendant que leurs élèves évoquent… Les raisons ne manquent pas.

Et pourtant, notre cerveau a besoin de temps pour apprendre, et le cerveau d’un élève “DYS” d’encore plus de temps. Alors qu’attendons-nous pour en tenir compte de manière rigoureuse et planifiée quand nous préparons nos cours?

Ci-dessous, je vous partage un outil qui aide à cette planification et à cette rigueur, et qui s’appuie sur les différents temps de l’apprentissage (mise en projet, perception, évocation et restitution). Il s’agit d’un tableau à double entrée que j’ai pré-rempli avec un exemple. N’hésitez pas à me contacter si vous avez besoin d’infos complémentaires pour l’utiliser ou si vous souhaitez la version vierge du document. De même, si vous améliorez cet outil, je suis intéressée par le partage en retour de votre version. Merci!

 

 

Gérer son attention et sa concentration avec une application

Pendant cette période d’école à la maison, comment gérer son attention dans le travail scolaire, comment optimiser sa concentration alors que le jeune est seul (la plupart du temps) face à son écran et ses manuels scolaires?

Il existe des applications gratuites qui peuvent aider à rester “focus”, à se déconnecter de ce qui peut attendre (par exemple, les réseaux sociaux et leurs notifications), à planifier des séquences de travail minutées, réalistes, intercalées de petits moments de pause qui ne débordent pas.

En voici 4 exemples:

StayOnTask permet de désactiver toutes les notifications pendant un temps que vous déterminez, pour pouvoir se concentrer sur une tâche précise.

Tomato Timer est une application basée sur la méthode “Pomodoro”:  il s’agit d’une technique de gestion du temps qui se base sur l’usage d’un minuteur permettant de respecter des périodes de 25 minutes (appelées “pomodori” = « tomates » en italien, à l’image du minuteur de cuisine – c’est l’italien Francesco Cirillo qui a imaginé cette méthode fin des années 1980). Autrement dit, vous travaillez 25 minutes, puis l’application vous indique qu’il est temps de faire une pause (en général de 5 minutes). Découper le temps de travail en intervalles permet de rester plus concentré et de manière plus efficace sur le long terme.

Focus-to-do est une application basée sur le principe de la méthode “Pomodoro” combiné avec un planificateur de tâches. Vous créez une liste de tâches à faire, pour lesquelles vous pouvez programmer des rappels, et le temps que vous souhaitez y consacrer. Si vous êtes “du matin”, vous pouvez par exemple décider que vos tranches horaires de travail sont de 40 minutes, avec pause de 3 minutes entre chacune. Et l’après-midi, vous réduisez vos tranches. C’est donc plus souple que Tomato Timer au niveau du timing.

Forest permet de “planter” un arbre sur son smartphone pour rester concentré: dès que vous commencez à travailler, vous plantez une graine virtuelle via l’application. Celle-ci déclenche un chronomètre et la graine se développe jusqu’à devenir un arbre. Si vous quittez l’application pour consulter vos messages, ou aller sur un réseau social, votre arbre meurt, tout simplement. Il y a aussi un système de suivi de votre forêt qui permet d’évaluer vos progrès. En général, les jeunes apprécient cette application.

 

Toutes ne sont pas compatibles avec tous les systèmes d’exploitation (Android, Apple, Windows, Linux, …). L’offre est large, à défaut d’être abondante, donc en cherchant, vous trouverez, si aucune des applications ci-dessus ne vous convient ou ne vous est accessible.

Le cerveau fonctionne à 2 vitesses

Dans un livre publié en 2011, “Les deux vitesses de la pensée – Système 1, Système 2”, Daniel Kahneman, psychologue et économiste israélo-palestinien (qui a par ailleurs reçu le prix Nobel d’économie en 2002), nous en apprenons plus sur le cerveau et son fonctionnement: il y aurait deux systèmes de pensée dichotomiques, le rapide (système 1 – instinctif, émotionnel, permettant de juger vite et de prendre des décisions en mode automatisé) et le lent (système 2 – plus réfléchi, plus logique, permettant d’analyser, de critiquer, de prendre du recul). Vous vous doutez que le deuxième mode de pensée est plus énergivore et fatiguant, s’active consciemment, là où le premier s’active presque à l’insu de notre plein gré et nous permet d’économiser notre énergie.

Ce livre est également intéressant car il met en avant les biais cognitifs (thème d’un article précédent) associés à l’un ou l’autre système de pensée pour expliquer que nos jugements sont parfois trompeurs.

Si vous souhaitez en savoir plus sur ces deux types de pensée, voici une vidéo d’une dizaine de minutes, qui vous en donne les caractéristiques essentielles, la manière dont ils sont interdépendante, et leurs limites.

Cette vidéo a été réalisée par “Foad Spirit”, mise en ligne le 6 avril 2018, et est présentée ainsi:

Comment notre cerveau fonctionne-t-il ? Comment appréhende-t-il la réalité ? Comment fait-il des choix ?

Classroomscreen, un outil intéressant pour gérer les travaux de groupes

Les travaux de groupes, le travail collaboratif (déjà traités ici, ici et ici), les binômes synchronisés, etc. sont des manières d’organiser les apprentissages des élèves tout en se positionnant en personne ressource.

C’est par le biais d’une collègue qui donne cours de SVT (Sciences et vie de la Terre) en France, que j’ai découvert l’outil “Classroomscreen” qui est multifonctionnel et fournit des  repères visuels divers, activables par l’enseignant, pour les élèves qui travaillent en groupe. Il est nécessaire d’avoir une connexion internet pour l’utiliser.

Voici l’écran d’accueil (dont vous pouvez choisir le fond dans une bibliothèque de photos et de gifs) avec dans le bas différentes icônes que vous pouvez activer en fonction des besoins.

ClassroomscreenEn partant de la gauche:

“langue” vous permet d’opter pour le français ou une autre langue au choix, parmi 75;

“fond” correspond aux choix possibles de photos ou de gifs que vous souhaitez comme fond d’écran;

“nom au hasard” ouvre une petite fenêtre dans laquelle vous encodez les prénoms de vos élèves ou les noms qu’ils ont donnés à leur groupe et vous pouvez alors cliquer sur “choose” pour poser votre question à un apprenant ou à un groupe au hasard;

Niveau sonore classroomscreen

 

“niveau sonore” est relié à votre microphone et mesure le niveau sonore de la classe, avec la possibilité de délimiter un seuil à ne pas dépasser; on peut ainsi activer une petite sonnette qui rappelle à l’ordre quand ça passe au rouge;

 

“qr” vous permet d’afficher un générateur de QR-code si vous voulez donner accès facilement à un site internet à vos élèves; il est possible de générer 2 QR-codes simultanément;

“dessin” et “texte” ouvrent des fenêtres (large ou petite en ce qui concerne le dessin, petite pour le texte) dans lesquelles vous avez l’occasion de faire un schéma ou d’écrire une consigne, par exemple;

symbole de travail classroomscreen

 

“symbole de travail” ouvre le choix entre 4 modes de travail de groupes: silence – chuchotez – demandez à votre voisin(e) – travaillez en groupe;

 

 

 

“feu rouge”, “minuteur” et “horloge” sont des outils visuels pour gérer le timing, très intéressants pour les élèves qui ont besoin de voir le temps déjà écoulé et celui qui reste, par exemple.

Restons dans les ressources “Affiches pédagogiques”!

Sur le site d’ASH91 (Les posters d’ASH – dans le cadre de l’école inclusive), vous pouvez télécharger une série d’affiches ou posters pédagogiques (réalisés par François Bajard en 2018) qui présentent différents thèmes intéressants, comme les types d’erreurs (selon J.P. Astolfi), la taxonomie de Bloom, les fonctions exécutives du cerveau, le cerveau en chiffres, les neurosciences, les différents types de mémoire, l’inhibition, etc.

Si vous souhaitez les utiliser, c’est possible en respectant les critères de partage (cette œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons : Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International).

Vous pouvez également vous en inspirer pour créer vos propres affiches, notamment pour mettre en évidence la gestion mentale. N’hésitez pas à m’envoyer vos productions si vous êtes d’accord de les partager.

Voici 2 exemples de ces affiches:

Les 4 piliers de l'apprentissage 2

Les types de mémoire

 

Encore des affiches, outils pédagogiques

Voici une ressource qui nous vient du Canada, et qui a été partagée par Marcel Lebrun sur Twitter (@mlebrun2).

Il s’agit de plusieurs affiches présentées comme suit sur le site de HEC Montréal:

On dit souvent qu’une image vaut mille mots – et nous pensons que cet adage s’applique également en pédagogie. C’est pourquoi nous avons développé des affiches qui illustrent différentes notions de pédagogie. Une manière innovante et très imagée d’aborder des thèmes parfois complexes, et qui vise à susciter l’intérêt, à soutenir l’attention et à faciliter la compréhension.

On peut ne pas être d’accord sur l’entièreté de leur contenu, très critiqué par certains professionnels de l’apprentissage. Comme souvent, il est bon de garder un esprit critique (cela me permet de faire un lien vers l’article sur les biais cognitifs publié il y a quelques temps).

Je vous partage une de leurs 9 affiches: la pyramide de l’apprentissage, avec différentes approches pédagogiques classées selon leur potentiel d’apprentissage, de la moins efficace (au sommet – le cours magistral) à la plus efficace (à la base – l’enseignement par les pairs).

Le fait que la lecture soit qualifiée d’apprentissage passif est discutable, dans la mesure où le lecteur, s’il est en projet d’apprentissage, peut être très actif pendant qu’il lit.

Quand l’apprenant est ACTIF et RÉFLEXIF, il est plus motivé, et apprend plus en profondeur.

La gestion mentale a toute sa place dans les fondements de cette pyramide puisqu’elle vise l’autonomie de l’élève via la prise de conscience de son fonctionnement cognitif (dans une posture réflexive).

Pyramide_de_l_Apprentissage

Vous pouvez les télécharger ici.

Des affiches en vue dans vos salles des professeurs

PGM19-20 affiche logosCette année encore, nous avons préparé des affiches colorées pour mettre en évidence le projet de formation et de suivi en gestion mentale dans la zone 10 (Charleroi Hainaut-Sud). Dans chacune des 24 écoles qui participent, les valves de la salle des professeurs vont donc s’enrichir de 2 documents en format A3, photocopiés en couleurs, pour mettre en évidence les logos des instituts et la liste des professeurs par niveau atteint ou en cours.

L’objectif principal de ce média est de vous permettre d’identifier vos collègues engagés également dans le processus de formation, qui sont dans un autre niveau ou qui ont terminé le cycle des 3 années du projet.

Cela nous semble d’autant plus pertinent que vous devez désormais justifier d’un travail collaboratif hebdomadaire. Envisager des temps de partages entre enseignants qui transfèrent la gestion mentale dans leurs pratiques pédagogiques est bel et bien d’actualité, qu’en pensez-vous?

Devenir praticien.ne ou formateur.trice en gestion mentale?

L’asbl IF Belgique programme deux formations: l’une pour devenir praticien.ne en gestion mentale, l’autre pour devenir formateur.trice, avec une certification finale accréditée par l’Institut international de gestion mentale de Paris, bref, un diplôme officiel et reconnu.

pres_pratetformateur_5_01_20

Si vous êtes intéressé.es, allez voir sur le site pour obtenir des renseignements plus précis, dans la rubrique agenda, ou écrivez directement à IF.

Les informations pour la formation de praticiens sont disponibles ici.

Les biais cognitifs

A l’ère des “fake news” ou “infox”, il est utile et pertinent de s’interroger sur les “biais cognitifs” (ou raccourcis mentaux) qui agissent comme des filtres sur notre pensée logique et rationnelle et nous font porter des jugements rapides, parfois de manière très utile, et parfois qui sont totalement faux, que ce soit dans des situations de la vie courante ou dans les apprentissages scolaires. Il en existe plein (plus de 200 selon certaines sources), et une petite recherche sur internet vous en donnera la mesure.

En introduction, cette vidéo mise en ligne par “Monkey, l’actu décryptée”, le 29 janvier 2018: “Notre cerveau face aux fake news” avec Albert Moukheiber (dont je vous parle du livre en fin d’article).

En tant qu’enseignants, comment les éviter pour nous-mêmes?

“Les enseignants, comme beaucoup, prennent une multitude de décisions à la minute. Plus cette prise de décision est rapide, plus l’on est susceptible de faire des raccourcis mentaux et donc d’utiliser des biais cognitifs.” (“Les biais cognitifs sont-ils (in)évitables? Vers un environnement d’apprentissage optimal”, note de synthèse réalisée par Racky Ka-Sy, Phd en psychologie sociale, Synlab, 2018, p.3)

Et comment enseigner à nos élèves à développer leur esprit critique et à inhiber ces jugements qui altèrent leur raisonnement et les mettent, notamment,  en difficulté scolaire?

Une meilleure connaissance des biais cognitifs permettrait aux enseignants de les identifier plus rapidement et de mieux les dépasser. Ainsi plus aguerris, l’enseignant sera plus armé pour transmettre son savoir sur ce type de sujets et contribuer au développement de l’esprit critique des élèves.” (Ib., p.3)

Un exemple classique en math:

Un crayon et une gomme coûtent 1.10 euros au total.
Le crayon coûte 1 euro de plus que la gomme.
Combien coûte la gomme ?
Lorsque vous essayez de répondre à ce problème, la réponse intuitive qui vous vient immédiatement à l’esprit est ‘10 cents’. En effet, environ 80 % des étudiants à l’université confrontés à ce problème donnent cette réponse (BourgeoisGironde & van der Henst, 2009). Mais elle est fausse. De façon évidente, si la gomme coûte 10 cents, le crayon coûtera 1.10 euros (i.e., 1 euro de plus), et le total devrait alors coûter 1.20 euros, et non 1.10 euros comme indiqué dans l’énoncé. La réponse correcte est bien entendu ‘5 cents’ (i.e., le crayon coûte 1.05 euros). Cette erreur fréquente de raisonnement s’explique en termes de substitution d’attributs. Les raisonneurs substituent l’attribut critique ‘plus que’ par un attribut plus simple. C’est–à–dire que ‘le crayon coûte un euro de plus que la gomme’ sera lu comme ‘le crayon coûte 1 euro’. Par conséquent, plutôt que de travailler sur la somme totale, 1.10 euros, les raisonneurs analysent le problème de façon naturelle en dissociant 1 euro et 10 cents, ce qui est plus facile. (…) Clairement, si les raisonneurs y réfléchissent un peu plus longtemps, ils trouveront surement leur erreur, et noteront qu’une gomme qui coûte 10 cents et un crayon qui coûte 1 euro de plus, ne peuvent pas coûter à eux deux 1.10 euros. La difficulté avec la substitution d’attributs semble être que les raisonneurs n’ont pas conscience qu’ils substituent un attribut par un autre et se trompent (Kahneman & Frederick, 2005 ; Thompson, 2009 ; Toplak, & al., 2011).
La première étape est donc de prendre conscience que ces biais existent, car ils sont des automatismes. Si nous nous rendons compte qu’ils peuvent influencer notre raisonnement, notre vision du monde et notre manière d’enseigner, nous sommes capables de solliciter notre esprit critique, de prendre du recul, de douter, de déployer notre curiosité et de revoir notre position.
“Peut-être faudrait-il apprendre à adopter plus souvent l’attitude d’un juge d’instruction ou d’un détective qui suit pas à pas des indices pour en arriver à une solution construite, autrement dit adopter un raisonnement déductif. l’idée n’est pas de rejeter en bloc systématiquement nos croyances, mais de les mettre parfois à distances, le temps de considérer des thèses qui les nuancent ou s’y opposent.” (Source: “Votre cerveau vous joue des tours”, Albert Moukheiber, Allary Editions, 2019, p.85)
Ensuite, nous pouvons accompagner nos élèves pour qu’ils aiguisent leur esprit critique. Il existe des ressources intéressantes pour nous donner des idées ou pour aller plus loin dans la connaissance de ces biais cognitifs.
Entre autres:
  • “Votre cerveau vous joue des tours”, Albert Moukheiber, Allary Editions, 2019: livre dans lequel l’auteur, psychologue clinicien et chercheur, nous explique pourquoi notre cerveau nous enferme parfois (souvent?) dans des approximations, de l’illusion, des erreurs. Dans la dernière partie, l’auteur présente une “boîte à outils pour plus de flexibilité mentale”.
  • Codex des biais cognitifs – Pensée critique, 2016, article PDF (Traduction française du travail de John Manoogian III et Buster Benson – voir noms des nombreux contributeurs dans le document)
  • Une chaîne Youtube, “La tronche en biais”, qui propose une série de vidéos sur les biais cognitifs et l’esprit critique (Vled et Acermendax parlent zététique, esprit critique et méthode. Ils posent notamment la question : comment sait-on que l’on sait ce que l’on sait ?)
  • Blog “Science étonnante” de David Louapre (chercheur en physique) et sa série de vidéos sur les biais cognitifs: “Crétin de cerveau” 
  • Blog “Chèvre pensante” et ses articles invitant à la critique des médias pour éviter les “Bhêêê cognitifs”
N’hésitez pas à enrichir cette liste en indiquant vos ressources en commentaires. Merci!

Enseignement explicite

Dans deux écoles de la zone, un autre projet pédagogique a commencé pour des enseignants volontaires: utiliser l’enseignement explicite, qualifié d’enseignement efficace par ceux qui l’ont conceptualisé et testé à large échelle. Car oui, cet enseignement est “evidence-based”, c’est-à-dire qu’il se base sur des recherches menées par des spécialistes en éducation, qui montrent que les élèves apprennent plus et plus vite.couverture enseignement expliciteSi vous lisez l’ouvrage de J. Hollingsworth et S. Ybarra, “L’enseignement explicite, une pratique efficace” (Editions Chenelière Education), vous pourrez vous faire une idée précise des principes de conception et des stratégies de présentation de ce type d’enseignement. Le livre est plein d’exemples qui donnent une perspective concrète de ce que cela implique pour l’enseignant en terme de préparation et de didactique. Car oui, il s’agit d’un enseignement direct, centré sur l’enseignant qui le donne, à l’inverse de l’enseignement progressif, dans lequel la présence du professeur est plus discrète et les choix des élèves concernant les contenus d’apprentissage plus pris en compte (comme dans la pédagogie Freinet, par exemple).

L’outil l’invite à procéder selon des étapes précises et incontournables, comme (non exhaustif):

  • définir avec précision l’objectif d’apprentissage de la leçon – la gestion mentale ira plus loin en invitant les apprenants à définir également les moyens à mobiliser (fussent-ils très incomplets au début de la séquence) et le degré de confiance en eux (qui peut se trouver renforcé par la manière dont le cours est donné) = mise en projet;
  • utiliser une méthode déductive ou enseigner d’abord, pour présenter un nouveau concept, son importance, et l’habileté qu’il permet de mettre en pratique – les exercices viennent seulement après, et sont guidés d’abord, avant que les élèves ne les fassent en autonomie, uniquement quand l’enseignant les estime prêt pour cela  – la gestion mentale ira plus loin en diversifiant les portes d’entrée pour un nouveau concept (avec, par exemple,  l’appui sur la méthode inductive, d’ailleurs totalement promue dans les programmes des cours)
  • vérifier continuellement la compréhension des apprenants, selon différentes techniques (les ardoises, par exemple) – la gestion mentale promeut cette vérification, l’enseignement explicite cadre cela par la méthode EQPCER: ENSEIGNER d’abord, QUESTIONNER, faire une PAUSE (=temps d’évocation), CHOISIR un élève au hasard (technique des bâtonnets par exemple – permet d’éviter les “bolides”), ECOUTER sa réponse, donner une RETROACTION appropriée (répéter, expliquer, préciser), et après la rétroaction, recommencer la vérification de la compréhension.
  • expliciter aux élèves son processus mental, ou “mettre un haut parleur sur sa pensée” (=expliciter les incontournables de la tâche), et vérifier qu’ils ont bien compris – la gestion mentale ira plus loin en proposant aux élèves de dire également comment ils ont procédé mentalement (=dialogue pédagogique)

L’enseignement explicite peut s’analyser avec le filtre de la gestion mentale (il y aurait beaucoup à dire!), qui de son côté peut s’enrichir de techniques concrètes et structurées pour préparer une leçon de manière à ce que chaque élève ait une chance d’apprendre et de progresser. Car oui, c’est un point commun entre les deux approches pédagogiques: l’objectif est de redonner confiance en chacun, en lui faisant vivre l’expérience de la réussite. “Je suis capable!”

 

1 2 3 4 5 6 14